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REVUE GÉNÉRALE.histoire et philosophie religieuses

décrit, le lecteur trouve matière et raisons de penser, de rechercher, au delà du fait, ses motifs religieux, qui sont ceux-là mêmes de la conscience religieuse. — L’année dernière, ajoute M. Barzellotti, en présentant à l’Institut lombard de Milan une partie de ce livre, je lui ai donné le titre de Contribution à l’embryologie des phénomènes religieux. » Sur les ruines de la métaphysique ancienne, à laquelle il a cessé de croire, l’auteur voudrait contribuer à élever l’édifice de la psychologie de l’histoire appuyée sur des documents humains.

La monographie de M. Barzellotti est un petit chef-d’œuvre en son genre. Le talent du narrateur, le soin donné à la description du paysage où se développent les principales scènes, le rapprochement essayé avec les diverses tentatives mystiques du moyen âge italien, tout cela fait de son étude un des documents les plus attrayants, les plus captivants par places. Il est à désirer que cette œuvre si délicate, si achevée, trouve un traducteur, quand même ce traducteur devrait faire payer son volume plus cher que l’original[1].

Autrement majestueux dans ses dimensions comme dans ses prétentions est le volume de M. Raymond S. Perrin, dont nous devons traduire ici le titre in extenso : La religion de la philosophie ou l’unification de la connaissance ; comparaison entre les principaux systèmes philosophiques et religieux du monde faite en vue de réduire les catégories de la pensée ou les termes les plus généraux de l’existence à un principe unique et d’établir par là une conception véritable de la divinité[2]. La première partie du volume contient une revue de l’histoire générale de la philosophie selon le plan généralement adopté dans l’enseignement : Commencements de la philosophie grecque, période pré-socratique, les sophistes, Socrate et Platon, Aristote, les cyniques et la nouvelle académie, la philosophie alexandrine, la scolastique et la renaissance, la philosophie moderne (Descartes à Hume), la philosophie allemande, l’éclectisme et la philosophie positive en France, l’école écossaise, La seconde partie est exclusivement consacrée à l’exposé des doctrines de Herbert Spencer et de George Henry Lewes, avec insistance spéciale sur la théorie de la « perception ». La troisième et dernière partie, pendant assez exact de la première, contient le résumé de l’histoire religieuse, depuis les rudiments des superstitions primitives jusqu’à l’état actuel du christianisme, en passant par les religions de l’Égypte et de l’Inde, de Confucius, de Zoroastre et du Bouddha, de la Grèce, de Rome, de la Scandinavie et l’islamisme, par l’hébraïsme enfin et le christianisme, Les derniers chapitres sont consacrés à apprécier l’état présent du christianisme aux États-Unis, à définir la « religion de la philosophie », et à en recommander la cause aux femmes d’Amé-

  1. L’élégant petit volume que nous avons sous les yeux et qui contient la matière d’un in-12 ordinaire, fait partie d’une collection elzévirienne économique dont les tomes se vendent 1 franc pièce.
  2. Gr. in-8o, xix et 566 pages.