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resse, dans l’Amérique du Sud, les régions correspondant au Chili, au Pérou, à la république de l’Équateur et à la Nouvelle-Grenade ou Colombie. « Le fait historique prédominant dans les deux groupes dont nous venons d’énumérer les parties composantes, remarque M. Réville, c’est que ces pays furent le théâtre de la civilisation indigène du nouveau monde. Cette assertion n’a rien d’exagéré. Si nous nous reportons à ce que nous avons dit ailleurs des conditions et des marques de la civilisation, nous devrons convenir qu’on ne saurait refuser ce caractère à l’état social des populations de l’Amérique centrale, du Mexique et du Pérou à l’époque où les Européens en firent la découverte. Cette civilisation, bien que présentant des lacunes, était déjà très avancée au point de vue de l’organisation politique et du bien-être matériel des populations. Elle devançait même, à certains égards, la civilisation européenne du même temps. Il en est de même de leurs religions : elles s’étaient développées et systématisées d’une manière qui les élevait bien au-dessus des religions incohérentes, à peine ébauchées, des peuples dits sauvages de deux grandes presqu’îles américaines, Ce phénomène est d’autant plus remarquable que, tout autour de ces peuples d’élite, régnait la plus épouvantable sauvagerie, »

Une question fort intéressante est celle de savoir si cette civilisation était indigène, autochtone, ou si elle provenait d’immigrations venues de l’ancien monde. On a, à cet égard, fait honneur de la civilisation américaine tour à tour aux Chinois, aux Hindous, aux Égyptiens, aux Chaldéens, aux Phéniciens, aux Carthaginois, aux Grecs, voire aux Celtes et aux Israélites. Si toutefois on laisse tomber quelques analogies purement extérieures, on doit avouer que les présomptions se réduisent à peu de chose. M. Réville se prononce résolument dans le sens négatif. Pour lui « la civilisation de l’ancienne Amérique s’est formée et développée spontanément sur le sol même où les Européens la découvrirent ». Il en est de même de leurs religions. « Elles laissent clairement entrevoir le tuf naturiste et animiste dont elles sont l’étage supérieur et qui ne diffère par rien d’essentiel du fonds commun des croyances religieuses dans les deux Amériques », telles qu’elles ont été décrites dans les Peuples non civilisés.

Nous ne saurions songer, dans les limites de cette Revue, à donner, si brève qu’elle fût, l’analyse d’une œuvre aussi touffue et aussi compacte. Nous indiquerons donc les têtes de chapitres pour nous rejeter ensuite sur les considérations générales qui terminent le volume. La première partie, consacrée à l’Amérique centrale et au Mexique, comprend huit chapitres : La civilisation maya-mexicaine ; les grands dieux de Mexico » les autres dieux mexicains ; le culte mexicain : temples, fêtes et sacrifices ; le culte mexicain : le sacerdoce, les couvents, les cérémonies et institutions religieuses ; morale, eschatologie et périodes cosmiques ; fin de la religion mexicaine ; les religions de l’Amérique centrale. La seconde partie, où il est traité de l’Amérique du Sud, est divisée en six chapitres : La religion des Muiscas ; l’ancien Pérou et