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REVUE GÉNÉRALE.histoire et philosophie religieuses

réalité sépare absolument les uns des autres, n’est pas non plus sans quelque inconvénient. Il y a, en effet, une sorte de fiction à rétablir, au moyen d’organismes empruntés à des époques et à des civilisations absolument différentes, le processus par lequel on imagine que les religions supérieures ont dû nécessairement passer pour s’élever des formes grossières de leur enfance aux notions les plus sublimes de leur maturité.

En publiant aujourd’hui les Religions du Mexique, etc., dit M. Réville, « nous nous conformons à la règle que nous nous sommes imposée dès le début. En effet, ces religions américaines reposent immédiatement, comme on le verra, sur le sous-sol que nous avons tâché de décrire dans l’ouvrage précédent, Brusquement supprimées par la conquête espagnole, quand elles pouvaient se promettre encore des siècles de floraison ei de développement, étroitement rattachées à un état d’esprit depuis longtemps dépassé dans le reste du monde civilisé, elles ont pour nous un intérêt de premier ordre. Mieux que les religions plus développées de l’ancien monde, elles nous montrent à quelles lois et à quelles préoccupations l’esprit humain obéit quand il tâcha de s’élever au-dessus des incohérences et des grossières naïvetés des religions de son enfance. Elles nous éclairent par conséquent sur les procédés qu’il dut suivre dans les contrées où un état de civilisation plus compliqué, joint au défaut des documents, ne nous permet pas d’étudier avec la même sécurité les conditions et l’enchaînement des croyances religieuses antérieures à l’histoire proprement dite, »

« Il est très instructif, conclut M. Réville, de constater sur ce champ spécial et isolé l’identité des lois qui ont présidé partout au développement religieux. » Sans insister sur une question de méthode qui demanderait de sérieuses réserves, réserves que les productions ultérieures du savant professeur d’histoire des religions au Collège de France nous donneront sans doute l’occasion de renouveler et d’accuser, abordons sans plus tarder l’œuvre elle-même,

Nous n’étonnerons personne en disant que M. Réville a fait preuve dans son nouveau volume de la même information sûre et étendue que dans ses précédents ouvrages, qu’il à dépouillé ses sources avec la même patience et une méthode aussi soutenue, qu’il en a exposé les principales données avec le même talent. On pourra être tenté de reprendre après lui, à un autre point de vue, les problèmes dont il a proposé lui-même une solution ; mais nul n’aura la pensée de recommencer l’exposé et le dépouillement général dont il a su s’acquitter si parfaitement. Nous signalerons particulièrement les excellentes notices littéraires placées en tête des principaux chapitres sous le titre de Ouvrages à consulter.

Les pays dont M. Réville a décrit les anciennes religions forment deux groupes bien distincts, que sépare l’isthme de Panama, Le premier comprend d’abord la région connue aujourd’hui sous le nom collectif d’Amérique centrale, puis la région mexicaine. Le second groupe inté-