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REVUE GÉNÉRALE.histoire et philosophie religieuses

trompons, la partie la plus réussie de l’œuvre de M. Stapfer, ce sont les chapitres consacrés à la vie privée. Nous pouvons y suivre le jeune Juif depuis sa naissance jusqu’à son mariage et à sa mort ; nous connaissons son habitation et les objets qui la garnissent, les éléments du ménage, mesures, aliments, denrées, calendrier, impôts, etc., jusqu’à la vie à la campagne dans l’entourage des animaux domestiques, Cette première partie se termine par des chapitres consacrés aux arts, à la littérature et à la science,

Le livre II, intitulé la Vie religieuse, débute par des renseignements sur les partis pharisien et saducéen, sur leurs origines, leur caractère, leurs principaux représentants, leurs idées philosophiques, en particulier sur l’idée messianique au sens des Pharisiens. Puis l’auteur nous fait connaître l’organisation du culte, la synagogue, le sabbat, le rôle de la Bible, la place assignée aux exercices de piété, ce qui touche la purification, les jeûnes, les aumônes, la prière. M. Stapfer se souvient ici que le centre de la piété juive était le temple, et il consacre un examen approfondi à toutes les questions qui le concernent, tant à sa construction et à ses dispositions matérielles qu’au personnel attaché au culte et aux cérémonies et fêtes. — Arrivé en ce point, nous déclarons que nous ne rendons plus bien compte de l’ordre adopté pour la fin du livre. Nous trouvons, en effet, après l’étude approfondie consacrée au temple, à ses ministres et à ses cérémonies, un chapitre consacré aux Esséniens, un autre aux dates principales de la vie de Jésus, un troisième et dernier intitulé : Jésus et la prédication de l’Évangile, Les renseignements consacrés aux Esséniens auraient dû, ce nous semble, suivre immédiatement ce qui concerne les Pharisiens et Saducéens, en d’autres termes précéder directement les développements consacrés au temple. Quant aux deux autres chapitres, leur lien avec le reste, leur rapport même avec l’objet de l’ouvrage nous échappe. Nous aurions d’autant plus volontiers sacrifié les pages consacrées à l’établissement des principales dates de la vie de Jésus que nous croyons que leur auteur y a fait complètement fausse route et qu’elles ne sont pas de nature à rien apporter à l’histoire. En revanche, si le chapitre consacré à Jésus et à la prédication de l’Évangile nous semble un hors-d’œuvre, il nous intéresse par les tendances philosophiques et religieuses dont il contient l’expression. Nous nous y arrêterons donc quelques instants.

Pour M. Stapfer, le christianisme est quelque chose de nouveau, bien que tenant fortement au milieu où il a pris naissance. « Sur une quantité de questions importantes, dit M. Stapfer, Jésus a partagé les idées de ses contemporains. Il ne nous semble pas possible de le rattacher à aucune des écoles de son temps, mais on peut dire qu’il leur a fait à toutes des emprunts. Il a dû beaucoup aux Pharisiens ; il a adopté leur doctrine de la Providence et celle de la résurrection des corps. Il les connaissait trop bien pour ne pas avoir étudié à fond leur tendance et leur avoir emprunté ce qu’il pouvait y avoir de généreux et d’élevé