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teur. Elle craint évidemment qu’on ne lui ait joué un « vilain » tour, et manifeste un malaise visible.

Nous essayons de rappeler ses souvenirs. « Son enfant a été malade. — Encore cet enfant ! » Elle n’aime pas qu’on lui donne un rêve semblable. — Je lui montre l’enfant. Elle remarque qu’aujourd’hui du moins on lui a mis un jupon. Cette vue ne ravive pas ses souvenirs. Je lui dis qu’elle lui a donné à boire avec une bouteille que je lui montre : une bouteille contenant des capsules de goudron Thévenot. Rien. Nous arrêtons ici nos investigations rétrospectives pour ne pas la rendre trop mécontente.

4oDeux suggestions consécutives sans lien logique. — Disparition des personnes. — Souvenir.

Cette expérience a été curieuse. (Je me propose de la répéter aujourd’hui, 5 mars.) Elle était improvisée et le résultat qu’elle a fourni, inattendu. À rapprocher du troisième rêve du 24 février (le rêve des deux dents arrachées).

J…, avons-nous dit, avait vu avec déplaisir l’arrivée de M. Ch. M. … Endormie, mais avec les yeux ouverts, je lui dis que M. Ch. M. … est parti. « Vous êtes satisfaite. — Oui. — Pourquoi ? — Parce que je ne le connais pas. — M. Masius est arrivé. — Je suis bien heureuse. — Le voilà ! » et je montre M. de R… qui a une barbe noire et une abondante chevelure noire, tandis que M. Masius est chauve et a la barbe blanche. Elle voit M. Masius, sa barbe blanche et sa tête chauve. Puis je lui montre M. Ch. M. … « Quel est-ce monsieur ? — C’est M. M. O. » (le conseiller). Je montre ensuite le conseiller : « Et lui ? — C’est M. de R. »

Nous ne songeons pas à réveiller J…, et nous commentons cette expérience, qui nous montre la logique de la rêveuse. Il s’agissait de lui faire éliminer M. Ch. M. … ; elle s’y prête, et ayant accepté la transformation de M. de R… en M. Masius, elle transforme à son tour les autres personnes de manière à obtenir l’élimination voulue.

Nous nous avisons alors de faire disparaître totalement un personnage. Je dis à mon fils présent de prendre en main un tire-bouchon qui se trouvait sur la table, et de le lui tenir devant les yeux. A J… : « Voilà un tire-bouchon suspendu en l’air ». Elle s’étonne et ne voit pas mon fils. Le tire-bouchon lui paraît colossal : « Pourquoi monte-t-il ? pourquoi descend-il ? » Elle veut l’arrêter.

Je lui suggère qu’il est suspendu à un cerf-volant. Elle voit le cerf-volant « à une grande hauteur ». Elle le fait descendre en saisissant le tire-bouchon, et en enroulant la ficelle autour de celui-ci. Elle me montre le cerf-volant « qui est fort grand » et paraît surprise que je le voie à peine tant il serait petit. Mais, lui dis-je, où est le gamin