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« L… est bien triste ce matin (L… est sa compagne, mariée, mais vivant séparée de son mari). — Oui, bien triste. — Elle pleure. — Oui, beaucoup. — Savez-vous pourquoi elle pleure ? — C’est encore à cause de ce laid (le mari). (Comme on le verra encore mieux dans la suite, J… a beaucoup de spontanéité). — Il est venu lui demander de l’argent ? — Oui. Et elle n’en a plus ? — Non. — Il paraît qu’il a fait des dettes et que L… doit les payer. — Ce n’est pas la première fois. — L’huissier est en bas, et L… n’a plus le sou. — Que faire ? — Est-ce que Madame ne pourrait pas avancer l’argent ? L… parviendra toujours bien à s’acquitter. — Adressez-vous à Madame. (Elle est présente et prévenue de ce qu’elle doit répondre.) — Madame, voudriez-vous bien prêter de l’argent à L… qui, etc. ? — Certainement, J…, ouvrez la première armoire près de la porte ; vous y verrez une boîte de cuivre ; l’argent est dedans. » J… se dirige à tâtons vers l’armoire, finit par mettre la main sur la boîte, et je la réveille (le réveil est chez elle instantané). Elle sent la boîte, la considère attentivement comme pour réveiller un souvenir, puis se met à sourire d’un air content : elle se rappelle tout son rêve et nous le répète mot pour mot. Cette fois encore, elle a été réveillée au milieu d’une action faite par elle.

3e Expérience. Le même procédé peut servir à rappeler le souvenir des actions suggérées pendant l’hypnotisme, mais faites après le réveil.

Dernièrement, le 21 février, J…, si on s’en souvient, avait, dans son sommeil, reçu des ordres assez compliqués qu’elle a exécutés après une espèce de réveil et à un signal donné. Réveillée définitivement, elle ne s’est souvenue absolument pas de ce qu’elle avait fait, et cet oubli l’a même beaucoup intriguée.

Endormie, je lui enjoins qu’à un signal donné (une secousse donnée à la boîte pleine de pièces de monnaie), elle doit prendre sur la cheminée la photographie de X, et la placer sur la table ; puis celle d’Y, qu’elle posera également sur la table ; puis celle de Z, sur laquelle auparavant elle appliquera un baiser. Je la réveille. « Je dois, dit-elle, aller prendre les portraits ». Cependant le signal n’a pas été donné. Je lui dis de s’asseoir. Mais son réveil n’ayant pas l’air franc : « Ne voyez-vous pas, lui dis-je, là, contre le mur, Mlle C… ? — Ce n’est pas Mlle C…, c’est Mlle H… — Vous êtes sûre ? — Certainement ! »

Elle n’est donc pas bien éveillée, puisqu’elle a des hallucinations. Je fais entendre le signal. Elle se dresse, prend les photographies dans l’ordre indiqué. Au moment où elle donne un baiser à Z, je la réveille. Elle rougit terriblement : « Vous m’en faites faire de