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LA MÉMOIRE CHEZ LES HYPNOTISÉS


I

Les expériences que je vais relater sont entièrement neuves et jettent un grand jour sur les phénomènes de mémoire que présentent les hypnotisés. Disons tout de suite qu’elles enlèvent à l’hypnotisme une partie de son merveilleux, en rapprochant cet état de celui du sommeil normal plus qu’on ne l’avait fait jusqu’à présent. Elles datent d’hier et ont été entreprises et poursuivies en vertu d’un système prémédité auquel les effets obtenus se sont toujours montrés conformes. Je les rapporterai dans leur ordre, sans en omettre une seule, et avec les détails nécessaires pour que le premier venu puisse les reproduire sans peine. Enfin, comme on le jugera d’après ma rédaction, elles ont été transcrites au fur et à mesure qu’elles avaient lieu, ainsi que les réflexions qu’elles m’inspiraient. Je livre aux lecteurs un véritable journal. Quelques mots de préambule ne seront pas ici déplacés. Quand on parle d’expériences d’hypnotisme, il n’est pas inopportun de parler d’abord de l’opérateur. Je venais de m’asseoir sur les bancs de l’université de Liège — il y a de cela plus de trente-cinq ans — que je me préoccupai déjà du magnétisme animal, bien que ce sujet ne fût plus ou pas encore à l’ordre du jour. Je lus avec avidité les quelques ouvrages que notre bibliothèque possédait alors sur la question, notamment : Du magnétisme animal en France, etc., par Alexandre Bertrand, ancien élève de l’École polytechnique, docteur en médecine, etc. Paris, février 1826 — qui plaide en faveur de la réalité des phénomènes — l’Histoire académique du magnétisme animal (Paris, 1841), par Dubois d’Amiens et Burdin, qui ne voient partout que charlatanisme ou illusion. J’adoptai la thèse d’Alexandre Bertrand[1] et, aujourd’hui encore que l’hypnotisme est étudié avec ferveur sous toutes ses faces, elle me paraît renfermer la plus grande part de vérité. Je viens de relire son mémoire ainsi que les fameux rapports de Bailly et et

  1. Il est mort en 1831 à l’âge de trente-cinq ans.