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2o À ces sensations élémentaires ou à ces combinaisons de sensations, à la reproduction des unes et des autres par le souvenir, se rattachent parfois des mouvements musculaires réels ou représentés. Les sentiments musculaires ainsi provoqués ou représentés ne doivent pas être considérés comme des éléments de la représentation du mouvement, mais comme des images secondaires qui y sont jointes.

E. Feuerlein. Le devoir envers soi-même, dans un système de morale. Étude intéressante sur la place qu’ont occupée les devoirs envers soi-même dans les divers systèmes, et sur celle qu’il convient de leur attribuer dans toute morale.

Signalons encore dans cette livraison le compte rendu d’un ouvrage utile à consulter de Emil Hohne, sur le Pélagianisme et le Normisme de Kant.

Dr F. Staudinger. Encore l’unité synthétique de l’aperception chez Kant.

Wille avait attaqué, dans un article remarquable, les interprétations acceptées jusqu’à ce jour, et s’était placé à un nouveau point de vue pour expliquer cette théorie[1], une des plus obscures selon Lange, mais aussi une des plus importantes de la critique de la Raison pure.

Staudinger s’est attaché à éclaircir ce concept en se plaçant au point de vue de la théorie kantienne. Voici le résultat auquel il est arrivé. Est transcendantal tout ce que le rapport Moi-Objet réclame comme nécessaire. Ce rapport lui-même, en tant qu’il indique seulement la forme générale du rapport, est l’aperception transcendantale. Dans ce rapport, le Moi, lorsque je ne pense pas au rapport lui-même, est le Moi pur, le pur sujet. De même l’Objet y est Objet transcendantal. Si j’ajoute à ce rapport le fait que le Moi se sait alors identique et un dans toutes les représentations, j’ai le concept de l’unité primitive (ursprünglichen) de l’aperception, et si je considère cette unité en tant qu’elle se manifeste dans le concept Objet, j’obtiens le concept de l’unité objective de l’aperception. L’un et l’autre sont transcendantaux ; au sens strict, ils constituent une unité de concept.

L’union des représentations entre elles est la synthèse ; leur union selon les catégories et conformément aux nécessités de cette unité transcendantale de l’aperception, est la synthèse transcendantale de l’imagination ; leur unité, produite en rapport à l’unité transcendantale de l’aperception est l’unité de la synthèse, l’unité synthétique du divers (Mannigfaltigen). Si je considère cette unité par rapport à l’unité transcendantale de l’aperception, j’ai le concept complet de l’unité primitive (Ursprünglichen) et synthétique de l’aperception ; j’ai pour ainsi dire le système nerveux central (Centralnervensystem) de l’intelligence, dont les cordes principales, considérées en particulier, constituent les catégories.

  1. Revue philosophique, XVI, 548.