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ment scientifique avec laquelle elle paraît avoir été prise ; et peut-être a-t-elle d’autant plus de valeur qu’elle est due à un médecin qui, ne sachant presque rien de l’hypnotisme, observant d’ailleurs à une époque où l’on n’étudiait pas encore ces questions, cherchant dans un but tout médical et non pour faire des expériences, ne pouvait sans doute pas ne pas être de bonne foi, aussi bien vis-à-vis de lui-même que vis-à-vis des faits.

Est-ce à dire qu’il faille dores et déjà accepter la conclusion qui paraît sortir du cas observé par M. Dusart et de celui rapporté par MM. Gibert et Pierre Janet ? Faut-il considérer comme démontré qu’il est possible de produire le sommeil à distance, chez certaines hystériques au moins ? « Un magnétiseur (conscient ou inconscient), écrit M. Dusart, quelle que soit la distance à laquelle il se trouve, peut dominer et diriger la volonté du magnétisé, lui imposer le sommeil, le faire obéir ou résister à telle personne que bon lui semble. Voilà ce qui ne me paraît pas pouvoir être nié. » Il me semble toutefois qu’il est prudent de se contenter pour le moment d’enregistrer purement et simplement les faits de ce genre bien observés. Il est antiscientifique de nier quelque fait que ce soit, mais il convient aussi d’apporter une grande réserve dans les interprétations et les hypothèses.

Il est peut-être permis pourtant de faire déjà, à propos de l’observation de M. Dusart, une remarque d’ordre expérimental, qui pourrait ne pas être inutile à ceux auxquels il serait donné de rencontrer un fait du même genre. Il semble que le Dr Dusart ne soit arrivé à endormir à distance sa malade qu’après l’avoir soumise à une certaine éducation. C’est ainsi qu’il dit l’avoir d’abord endormie un grand nombre de fois, par ordre mental, mais donné de très près. On ne comprend évidemment pas fort bien quelle peut être l’influence de cette sorte d’éducation ; il se peut néanmoins qu’il y ait là une condition favorable au développement de ces phénomènes, si leur réalité se confirme.

E. Gley.

DE QUELQUES EXPÉRIENCES DE SOMNAMBULISME[1]

J’ai fait quelques expériences sur deux sujets que j’avais vus, il y a trois ans, dans une séance donnée ici par M. Hansen, soumis avec succès à l’influence du magnétisme.

L’un, Hubert R…, est un jeune homme d’un vingtaine d’années, actuellement encore étudiant à l’Institut agricole de l’État à Gembloux.

  1. Séance du 28 décembre 1885. M. Charcot, président.