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société de psychologie physiologique

« Dans la journée, ayant trouvé un intervalle libre, je résolus de compléter l’expérience. Je pars de chez moi (7 kilomètres de distance), en donnant l’ordre du réveil. Je constate qu’il est 2 heures. J’arrive et trouve la malade éveillée : les parents, sur ma recommandation, avaient noté l’heure exacte du réveil. C’était rigoureusement celle à laquelle j’avais donné l’ordre. Cette expérience, plusieurs fois renouvelée, à des heures différentes, eut toujours le même résultat.

« … Mais voici qui paraîtra plus concluant encore.

« Le 1er janvier, je suspendis mes visites et cessai toute relation avec la famille. Je n’en avais plus entendu parler, lorsque le 12, faisant des courses dans une direction opposée et me trouvant à 10 kilomètres de la malade, je me demandai si, malgré la distance, la cessation de tous rapports et l’intervention d’une tierce personne (le père magnétisant désormais sa fille), il me serait encore possible de me faire obéir. Je défends à la malade de se laisser endormir ; puis, une demi-heure après, réfléchissant que si, par extraordinaire, j’étais obéi, cela pourrait causer préjudice à cette malheureuse jeune fille, je lève la défense et cesse d’y penser.

« Je fus fort surpris, lorsque le lendemain, à 6 heures du matin, je vis arriver chez moi un exprès portant une lettre du père de Mlle J… Celui-ci me disait que la veille, 12, à 10 heures du matin, il n’était arrivé à endormir sa fille qu’après une lutte prolongée et très douloureuse. La malade, une fois endormie, avait déclaré que, si elle avait résisté, c’était sur mon ordre et qu’elle ne s’était endormie que quand je l’avais permis.

« Ces déclarations avaient été faites vis-à-vis de témoins auxquels le père avait fait signer les notes qui les contenaient. J’ai conservé cette lettre, dont M… me confirma plus tard le contenu, en ajoutant quelques détails circonstanciés. »

Le Dr Dusart eut encore l’occasion de faire sur sa malade diverses autres observations, non moins étonnantes : « Mlle J… (en état de sommeil) indique, sans jamais se tromper, les heures très précises, les dates, etc. ; il n’y a aucune horloge dans la maison, ni quoi que ce soit indiquant les heures. Elle sait quelles sont les personnes qui se trouvent dans la chambre et il lui arriva même de donner sur un enfant, qui se trouvait à 50 mètres de son habitation, des détails qui furent trouvés exacts. « Vous voyez donc les persondes qui sont ici ou vous les entendez ? — Non ; je sais qu’elles se trouvent là, mais il m’est absolument impossible de savoir comment. » Alors M. Dusart posa des questions très spéciales dont seul il pouvait connaître la solution, et il essaya de suggérer les réponses : le résultat fut toujours négatif. Il est vrai, il le remarque lui-même, qu’il fit ces essais au début, alors que son pouvoir sur la malade n’était pas encore bien établi. Malheureusement il oublia plus tard de les renouveler.

Telle est, dans ses points les plus importants, cette intéressante observation. Elle mérite l’attention, ce semble, pour la rigueur vrai-