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SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE


LA PERSONNALITÉ ET L’ÉCRITURE[1]

Essai de graphologie expérimentale.
(Note de MM. H. Ferrari, J. Héricourt et Ch. Richet.)

L’un de nous, étudiant les documents quelque peu confus qu’ont recueillis Michon et les graphologues, cherchait dernièrement à établir (Revue philosophique, novembre 1885) que l’écriture est sous la dépendance directe des états permanents ou passagers de la personnalité, au même titre que le geste en général, dont elle peut être considérée comme une variété particulière.

En d’autres termes, les mouvements qui agitent ma de l’homme qui tient une plume auraient la même origine, la même nature et la même signification que ceux qui déterminent ses allures générales, ou animent son visage pour lui constituer sa physionomie particulière. Mais cette hypothèse, toute vraisemblable qu’elle fût, demandait à être vérifiée et prouvée expérimentalement.

L’emploi des suggestions hypnotiques se présentait naturellement pour fournir cette preuve. En effet, dans ces cas, l’expérimentateur peut modifier les états de la personnalité, ainsi que pour la première fois l’un de nous l’a indiqué il y a déjà trois ans (Revue philosophique, 1883) ; le fait a depuis été vérifié par d’autres observateurs.

Si la forme de l’écriture est réellement sous la dépendance de ces états de conscience et de personnalité, à chaque personnalité différente doit correspondre une écriture différente.

Les résultats de l’expérimentation ont confirmé cette prévision, comme on peut le voir d’après les écritures que nous présentons ici, en même temps que les reproductions que nous en avons fait faire par la photogravure, et suivant un procédé qui en assure la fidélité parfaite.

Voici d’abord (fig. 1) l’écriture normale d’un jeune étudiant en médecine, M. X…, âgé de dix-neuf ans, et absolument ignorant de la graphologie. Pour réaliser les états de suggestion, chez ce jeune homme, il n’est pas besoin de provoquer le sommeil, et sa sensibilité est telle qu’il est mis en l’état décrit sous le nom de veille somnambulique par le simple passage de la main au-devant des yeux, et peut-être même par une injonction formulée nettement. Dans ces conditions, on suggère

  1. Séances du 22 février 1886. Présidence de M. P. Janet, vice-président.