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ANALYSES.e. regalia. Il concetto meccanico della vita..

E. Regalia.Il concetto meccanico della vita (La conception mécanique de la vie d’après Spencer), 27 p.. in-8o. Dumolard, Turin, 1885.

M. Regalia ne s’est pas laissé convaincre par les explications que, dans ses Principes de biologie, Spencer a données de la vie. Il revoit tous les principaux passages de l’auteur. Pas un seul ne lui paraît concluant. Ne pouvant analyser en détail une brochure dont l’auteur a eu le tort de ne pas faire un livre, je donnerai seulement un échantillon de sa critique sévère et subtile parfois, mais qui n’en porte pas moins juste à certains moments. Spencer définit la vie « la combinaison définie des changements éthérogènes simultanés ou successifs, en correspondance avec les coexistences ou successions externes. » Cette correspondance est ainsi expliquée : « Les mouvements vitaux sont en rapport avec la conservation des corps qui les ont subis », ou, pour éviter toute expression téléologique, « avec les futurs événements externes qui certainement ou probablement auront lieu. » Or, le reflux des eaux fluviales au contact des eaux de la mer, est en rapport avec ce contact : donc avoir rapport à de futurs événements externes est le propre aussi des mouvements inorganiques. De plus, les événements futurs ne sont pas probables ; les événements certains ou probables ne sont tels que parce qu’ils sont représentés dans un organisme. Ce mot rapport s’entend-il de modes objectifs de mouvements mécaniques qui peuvent être pensés en relation avec de futurs événements externes ? Mais avoir de tels modes est le propre aussi des changements inorganiques. Voit-on par là que la caractéristique des mouvements vitaux soit autre que celle des mouvements inorganiques ?

L’auteur de cette brochure procède avec la même méthode et la même acuité de critique à l’égard des autres définitions ou explications mécaniques de Spencer. Sa conclusion, c’est que l’idée de la vie, telle qu’elle est présentée par Spencer, implique tantôt la téléologie, tantôt le fait psychique, mais qu’on n’a pas là une caractéristique mécanique.

Bernard Perez.