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tion brûla vif après l’avoir mis vingt-sept fois à la torture. La jeunesse universitaire de Madrid avait annoncé une séance littéraire où devaient être lus des discours en l’honneur de Giordano Bruno. Ces discours n’ont pu être lus, pour des raisons qu’on devine. Ils n’en iront pas moins à leur adresse, réunis dans le petit livre que nous saluons au passage, et dont nous félicitons les auteurs.

Bernard Perez.

C. Cesca.Il monismo meccanico e la coscienza, in-8o, nº 29. Trévise, Zopelli, 1886.

Pour l’auteur de cette étude historique et critique, le monisme mécaniste est une doctrine métempirique et sans valeur. Le mécanisme réussit dans l’explication des phénomènes physico-chimiques. Il n’en est pas de même quand il devient une philosophie, et prétend tout expliquer par la matière et le mouvement. Sa tentative est justifiée d’assimiler les phénomènes biologiques avec les inorganiques, et de les expliquer avec les mêmes lois. Mais il ne réussira pas à expliquer mécaniquement les phénomènes psychiques, parce que la conscience est une chose sui generis, complètement distincte des autres choses, et que le mouvement n’est lui-même qu’un état de conscience.

La relation qui existe entre la conscience et le mouvement est partout indiscutable. Mais il faut se borner à la constater sans chercher à en donner une explication, soit spiritualiste, soit matérialiste. Après avoir sommairement exposé et critiqué les théories de Taine et de Spencer relativement à cette union, l’auteur déclare adhérer à la théorie d’Ardigó et de Lewes. Pour le premier, tout se réduit au côté psychique de la sensation ; la distinction entre monde externe et monde interne n’est pas une différence absolue, mais un pur effet de la pensée. Pour le second, le processus nerveux et l’état de conscience ne sont que le même vu sous des aspects différents. Mais il n’en restent pas moins des états de conscience. C’est là ce qui assure leur connexion et leur non-irréductibilité.

M. Cesca est-il bien sûr que la science, la psychologie physiologique se borne toujours à constater cette corrélation ? Si le mécanisme a eu raison d’assimiler les faits biologiques aux faits inorganiques, ne trouvera-t-il pas un jour moyen de rapprocher si bien la distance qui sépare encore les états de conscience des phénomènes externes qu’il ne soi pas permis de douter de leur génération mutuelle ? Où M. Cesca dit : ignorabimus, je me contente de dire : ignoramus.

Bernard Perez.