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ANALYSES.paris zejin. Giordano Bruno y su tiempo, etc.

Dans la question de l’espace, il donne la main gauche aux nativistes, la main droite aux empiriques, et, s’il est en désaccord avec ces derniers, ce n’est que sur les procédés de l’expérience. La synthèse, proposée par Wundt, de nos sentiments d’innervation et des signes locaux, nous laisse, selon lui, soit au pur nativisme, qui est trop simpliste, soit au pur empirisme, qui est impuissant à créer les signes avec les mouvements de l’œil. Il entend donc les signes locaux, dont on ne peut se passer, comme un système de rapports des impressions, formé par l’accoutumance, et tel que la coordination objective des éléments de ce système ne dépend plus des mouvements de l’œil, mais seulement d’une tendance, organisée par l’exercice, de la rétine même.

Dans la question de l’harmonie et de la désharmonie musicales, il prend pour point de départ les vibrations des sons simples, et pour principe d’explication le rythme de ces vibrations, en tant qu’il provoque le rythme psychique. Ce principe rend compte de l’harmonie aussi bien que de la désharmonie, tandis que la théorie des battements, réduite à voir une question de plus et de moins dans la sensation agréable ou désagréable, est sur ce point insuffisante. Elle est de même insuffisante à nous donner la raison de certaines particularités de la mélodie, et elle ne sait pas, par exemple, pourquoi la valeur de deux notes, telles que ut et sol, est différente quand le sol précède l’ut ou quand il le suit. La théorie de M. Lipps offre l’avantage de ne pas rester muette sur ces particularités, de s’appliquer aux suites comme aux accords, d’envisager ainsi, avec la plupart des musiciens, la mélodie pour une harmonie décomposée et de restaurer enfin l’élément dramatique dans l’art musical.

Ces deux études assurent à M. Lipps une place distinguée. Je voudrais que cette imparfaite analyse engageât le lecteur à les critiquer lui-même dans l’original.

Lucien Arréat.

Paris Zejin.Giordano Bruno y su tiempo ; — Ricardo Fuente. La intoleranza religiosa. Madrid, Frias edit., 1886.

Nous signalons toujours avec empressement le moindre signe du réveil de la pensée dans un pays où l’indifférence philosophique a été le fruit d’une intolérance religieuse poussée jusqu’à ses dernières limites. Nous augurons bien des destinées d’un pays où la jeunesse des écoles commence à manifester ses sentiments comme le font les auteurs de ce petit livre. Il ne s’agit pas ici d’une étude nous apportant de nouveaux faits ou de nouvelles discussions sur la vie et les écrits de Giordano Bruno. C’est simplement une adhésion solennelle à la fête, d’expiation et de glorification, que l’Italie prépare au grand dominicain, précurseur de la philosophie moderne, apôtre de la liberté de conscience, que l’Inquisi-