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tiquité, puis dans les ouvrages de Bacon, de Linné, de Buffon, de de Maillet et de Robinet. Il apprécie la valeur des conceptions de ces différents auteurs relativement à l’enchaînement génétique des êtres, conceptions fort éloignées des démonstrations et des explications darwiniennes.

Puis vient l’histoire des véritables précurseurs : Lamarck et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, — des découvertes de Cuvier et de sa lutte si curieuse contre Étienne Geoffroy, — des recherches et des vues de Goethe, etc.

Dans la troisième partie, M. Mathias Duval étudie les conditions qui ont préparé le succès de Darwin, c’est-à-dire les données nouvelles de la géologie, la doctrine de Ch. Lyell, les preuves de l’ancienneté de l’homme et de la vie sur la terre, les progrès de l’embryologie, l’établissement définitif, par Wolff, de la doctrine de l’épigénèse, le parallèle établi par Serres entre l’organogénie et l’anatomie comparée. Puis il fait un historique complet de la vie et des travaux de Darwin.

L’exposition détaillée des doctrines de Darwin occupe toute la quatrième partie du livre. Dans la cinquième et dernière partie, M. Mathias Duval réfute les objections adressées au darwinisme. Il passe en revue les différents ordres de faits qui sont venus récemment confirmer les théories transformistes ou qui ont reçu de ces théories une lumière nouvelle. Il étudie en dernier lieu la ségrégation, envisagée par M. de Lanessan comme mécanisme de la sélection, — puis le mimétisme, la persistance des types inférieurs et enfin l’évolution des langues et des mots qu’il compare à l’évolution des espèces et des organismes.

Cette simple énumération, très abrégée, des nombreuses questions traitées par M. Mathias Duval suffit pour faire comprendre le haut intérêt de ce livre et pour faire pressentir la part considérable de travail original qu’il a coûté à son auteur.

Les leçons sur le Darwinisme, professées par M. Mathias Duval à l’École d’Anthropologie pendant deux années consécutives, ont été suivies avec un empressement extraordinaire. L’ouvrage que nous venons d’analyser, et qui n’est autre chose qu’un résumé de ces leçons aussi attrayantes qu’instructives, sera certainement accueilli par un égal succès.

L. M.

Dr Armand Sabatier. Essais d’un naturaliste transformiste sur quelques questions actuelles. IVe et Ve essais : Évolution et liberté. Alençon, 1885.

M. Armand Sabatier est professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Montpellier. Sa haute compétence scientifique ne l’empêche pas (c’est lui qui le déclare), de se ranger parmi ceux qui se réclament des doctrines chrétiennes. « Convaincu de la valeur de la théorie du transformisme considérée en général, il pense, avec une entière con-