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notes et discussions

Après avoir regardé une croix rouge pendant un temps assez long pour que l’image consécutive se produise, si je regarde une surface qui ne soit pas parallèle à celle sur laquelle la croix a été dessinée, je ne verrai plus les bras dans le même rapport de longueur et leur angle ne sera plus le même.

[Image à insérer]

Fig. 1, 2 et 3.

L’image consécutive de la figure 1 peut selon la surface sur laquelle je la projette me donner l’apparence de la figure 2 ou de la figure 3.

L’image consécutive d’un cercle peut devenir une ellipse et celle d’une ellipse peut devenir un cercle[1].

Dans les observations rapportées récemment par M. Egger, quand on est devant une glace où se réfléchit le plafond d’une chambre, on voit tantôt un trapèze et tantôt un rectangle. Si l’œil reste fixe, ne se promène ni sur les bords du cadre de la glace, ni sur différents points de l’image du plafond, les images rétiniennes de la glace et du plafond se confondent. Nous avons la perception de l’un de ces objets lorsque les mouvements à donner à l’œil pour fixer ses différents points nous sont suggérés, sans qu’il soit nécessaire que ces mouvements deviennent effectifs. À la pensée de la glace s’associe l’impression, rappelée, des mouvements qui doivent en faire parcourir le contour ; à la pensée du plafond s’associe l’impression de mouvements différents, et l’image rétinienne est également acceptable pour l’une ou l’autre de ces deux associations.

Si nous regardons fixement le bord d’un verre[2] en un de ses points, l’image rétinienne produite est aussi bien celle d’une infinité de lignes tracées sur une surface conique. De toutes ces lignes il n’y en a que deux associables aux idées que nous suggèrent les choses environnantes et particulièrement le pied du verre : ce sont celles des bords de deux verres inclinés différemment, de là, la perception tantôt de l’un, tantôt de l’autre de ces verres.

La figure ci-dessous (fig. b) peut me représenter à volonté un parallélogramme tracé sur la surface du papier, ou bien un plan horizontal vu d’en haut, ou encore un plan horizontal vu d’en bas. Il suffit d’associer l’impression rétinienne à l’idée de ces différents objets et par suite aux mouvements que ces objets nécessiteraient pour être vus distinctement, et aussitôt ces objets sont représentés.

  1. Revue philosophique, 1885, novembre, p. 485.
  2. Ibid., p. 485.