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LES BASES PSYCHOLOGIQUES DE LA RELIGION


S’il est une notion dont tous les penseurs sincères et les travailleurs réfléchis reconnaissent aujourd’hui la justesse et l’importance, c’est à coup sûr celle de l’étroite parenté qui unit les unes aux autres les diverses branches du savoir humain : l’unité de la science est devenue un véritable axiome. Mais, parmi les différents groupes de nos connaissances, il n’en est aucun dont les éléments soient plus intimement reliés entre eux, et qui constitue plus complètement ce qu’on peut appeler une famille scientifique, que celui qui prend pour objet les manifestations de tout ordre des êtres organisés, depuis les phénomènes les plus élémentaires de la vie jusqu’aux produits les plus complexes de la pensée. Les trois genres de cette famille, la physiologie, la psychologie et la sociologie, ont en commun les problèmes à poser et les méthodes à suivre, et les deux derniers sont condamnés à la stérilité, s’ils veulent se donner, vis-à-vis du premier, une indépendance illégitime. C’est ce qu’on a compris depuis assez longtemps pour la psychologie ; on s’en rend plus difficilement compte pour la sociologie. La complexité des données sur lesquelles cette science s’appuie, le caractère dérivé des phénomènes dont elle s’occupe, et qui sont en quelque sorte des effets d’effets, ont voilé ses affinités naturelles, et l’ont momentanément isolée du groupe de la biologie. Mais cet isolement, qui était contraire à toutes les analogies, devait bientôt cesser. On comprend clairement à présent que tous les faits sociaux sont, en définitive, des manifestations de la vie, et que, la vie obéissant toujours aux mêmes lois, qu’elle soit collective ou individuelle, c’est du point de vue de la biologie que les faits doivent être étudiés, expliqués, appréciés. Aucun chapitre des sciences sociales ne peut échapper à cette condition : que les faits soient d’ordre philologique, technologique, esthétique, moral ou religieux, les mêmes nécessités s’imposent au chercheur. C’est ce que nous voudrions montrer, ou du moins rappeler, pour ce qui concerne les manifestations religieuses. La