Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXI, 1886.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
321
société de psychologie physiologique

gestion mentale en général, nous affirmons, après maint essai, que nous n’y avons jamais pu parvenir sur les sujets que nous avons eus dans les mains.

Que de fois nous avons présenté des substances que nous ne connaissions pas et l’effet s’est produit ! Que de fois, croyant présenter une substance déterminée, nous obtenions un effet contraire ! Nous nous étions trompés de flacon. — N’avons-nous pas, plus d’une fois, montré à Victorine M… de la poudre de cantharide en lui décrivant son action ? M. Mabille n’a-t-il pas approché de V… un flacon d’eau pure, en lui disant que c’était de la pilocarpine ? Dans l’une et l’autre expérience, aucun effet ne s’est produit.

Quand nos hystériques sont sous l’action d’un médicament, ils sont absolument insensibles, immobiles, inconscients, bien loin de pouvoir entrer en relation avec l’expérimentateur et subir son influence, comme dans le somnambulisme. Il suffit de rappeler l’expérience faite à Toulon sur cet homme hypnotisé qui, passé du somnambulisme dans le sommeil du chloral, ne perçoit plus aucune sensation, n’entend plus son hypnotiseur, jusqu’à ce que, l’action médicamenteuse achevée, il revienne à son état primitif de somnambulisme. Dans de pareilles conditions, comment admettre la suggestion, même mentale, même inconsciente ? Si nos sujets sont des automates bien montés, des animaux savants bien dressés, comment expliquer que nos premiers essais aient été les plus brillants, et qu’aujourd’hui nous n’obtenions plus que des actions bien moins décisives et qui parfois paraissent contradictoires ?

Tels sont les faits que nous avons vus, les observations que nous avons enregistrées, sur les expériences que nous avons poursuivies avec autant de logique et de rigueur qu’il nous était possible. Nous ne chercherons à donner aucune interprétation, à formuler aucune loi ; ce serait prématuré. Tout nous porte à admettre qu’il s’agit d’actions spéciales d’ordre inconnu jusqu’ici.

Bourru et Burot.

L’ACTION DES SUBSTANCES TOXIQUES ET MÉDICAMENTEUSES À DISTANCE.

Les faits annoncés par MM. Bourru et Burot sont trop importants, trop imprévus, pour qu’on ne les soumette pas à un examen critique et expérimental approfondi, soit pour les appuyer, soit pour les combattre.

Et d’abord il me semble qu’il faut éliminer tout à fait les expériences qui portent sur les substances volatiles, telles que l’alcool, l’essence d’absinthe, la teinture de cantharides, le valérianate d’ammoniaque. En effet ces corps émettent des vapeurs sensibles, de sorte que, si le flacon n’est pas bien bouché, une personne dont l’odorat est délicat peut les reconnaître très facilement. Même si le flacon est bien