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tête baissée, il marche en cercle à gauche. Il renifle fortement, se jette à terre, gratte, fait un trou avec ses ongles, enfonce son visage dans le trou ; se relève brusquement, trépigne, reprend son mouvement de manège, refait un nouveau trou, y enfonce le nez en reniflant. Cette scène a duré plus d’un quart d’heure et, par sa violence, a fort embarrassé l’expérimentateur, qui se trouvait alors seul avec le malade, bien loin de se douter de ce qui allait survenir. Nous l’avons renouvelée souvent, et l’avons vue à peu près identique chez la femme Victorine M.

Une autre fois, nous avons appliqué sur le bras de V… une graine de noix vomique enveloppée de papier. La douleur fut atroce ; le sujet fit un bond en poussant un grand cri, et se mit à déchirer la peau à la région qui avait subi ce contact. Cette noix vomique fut égarée dans la chambre. Le soir le malade, la prenant pour un petit caillou, la ramasse, pousse le même cri, et la main se contracture immédiatement, retenant la graine, qui fut arrachée à grand’peine et avait imprimé profondément ses arêtes dans la paume de la main. Nous n’avons jamais osé renouveler cette expérience, mais souvent nous nous sommes frotté la main avec une noix vomique, et, touchant alors notre sujet, il éprouvait immédiatement un agacement très vif.

Sur la femme, nous avons un jour glissé une de ces graines dans son bas ; le contact fut très prolongé et l’action convulsivante si vive, surtout sur le diaphragme, les muscles du thorax et du larynx, que l’expérience fut réellement émouvante pour nous et nos collègues des écoles de Brest et de Toulon, qui y assistaient, MM. les professeurs Merlin, Thomas, Fontan et Bertrand.

Un de nos collègues de la marine à Rochefort, M. le docteur A. Martin, apporta chez Victorine M… un flacon dont il ne nous dit pas le contenu. Nous l’avons présenté tout bouché, et il se produisit, la femme étant couchée sur le tapis, des mouvements très lents d’ondulation, de reptation de tout le corps avec rotation, le ventre servant de pivot, suivis de mouvements de coït, la main droite à la vulve, la physionomie prenant une expression très voluptueuse. Le flacon contenait de la teinture alcoolique de cantharide.

Le lendemain, le même flacon fut présenté à V…, qui nous rendit témoins d’une scène de lubricité des plus amusantes, mais impossible à décrire.

Cette teinture alcoolique de cantharide nous conduisit à essayer séparément la poudre de cantharide, qui donna la même action, et l’alcool fort. Cette dernière substance nous donna, sur nos deux sujets, une violente ivresse avec tous ses phénomènes, excitation cérébrale, parole embarrassée, titubation, vomissements, mictions répétées. Les scènes furent si complètes qu’elles dépassèrent toute attente, toute prévision.

Sûrs alors de la réalité des faits, nous avons prié M. Duplouy, directeur de l’École, et tous nos collègues médecins de marine à Rochefort, de venir en être témoins. Nous avions déclaré à l’avance que nous ! acceptions toute expérience qu’il plairait à chacun de faire. M. Duplouy