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société de psychologie physiologique

Dans ces deux derniers essais, alors que nous cherchions les effets des métaux effets locaux, douleur, convulsions ; effets généraux de transfert, nous obtenions, à notre grande surprise, avec l’hydrogène une excitation génésique, avec l’iodure de potassium des mouvements de bâillement, d’éternuement surtout, qui rappelaient l’action physiologique et médicamenteuse de cette substance.

Ceci se passait le 22 mai 1885, en présence de plusieurs de nos collègues.

Ces faits nous poussaient dans une voie nouvelle et bien plus large. Il ne s’agissait plus de métaux ou de composés métalliques ; nous devions rechercher les effets médicamenteux et toxiques. Allions-nous reproduire, par une simple application extérieure, l’action physiologique des corps les plus variés ?

Le surlendemain, 24 mai, un morceau d’opium brut enveloppé de papier est placé sur la tête de V… En moins d’une minute, les paupières se ferment, les muscles tombent en résolution ; V… est complètement endormi, la tête repose sur l’oreiller, la physionomie est tranquille, la respiration ample et régulière. On l’appelle en lui criant aux oreilles, on lui ouvre les yeux, on le secoue, rien ne le tire du sommeil ; un objet d’or est impunément posé sur différentes parties du corps ; il ne sent rien. Après dix minutes, le réveil se fait spontanément ; V… se frotte les yeux, a des pandiculations, des bâillements, comme au sortir d’un sommeil ordinaire. On renouvelle l’expérience en changeant le lieu d’application sur le front, la nuque, le côté droit ou gauche de la tête, la main et jusqu’à la plante des pieds, l’effet est toujours le même.

Le lendemain, 25 mai, toujours en présence de plusieurs collègues de plus en plus intéressés à nos expériences, nous essayons la série des alcaloïdes de l’opium. Un paquet de morphine dans du papier, appliqué sur le front, après une minute, donne un sommeil calme, avec respiration ample et facile, qui dure cinq minutes. Le réveil est progressif.

Un flacon de narcéine procure un sommeil tranquille avec balancement de la tête de droite à gauche. Le réveil est brusque et s’accompagne d’une sensation de froid.

Un fragment de codéine sur le front donne immédiatement le sommeil, avec respiration stertoreuse et ronflement. Après six minutes, la respiration est plus facile et plus lente. Après douze minutes, survient le réveil qui s’accompagne de nausées et de sensation très vive de froid.

Un flacon de narcotine au contact du poignet droit donne quelques convulsions de la face du même côté, et, au point d’application, une sensation de brûlure qui oblige d’enlever le flacon. On le remplace par un flacon de chlorhydrate de narcotine. Quelques mouvements se produisent dans le bras et dans la face, mais le contact peut être prolongé ; le sommeil survient, dure un quart d’heure et est suivi de douleurs de tête qui arrachent des plaintes.