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bientôt une vive douleur ; le malade se tournait vivement, cherchait jusqu’à ce qu’il eût éloigné l’objet gênant. De même en tenant à 10, 15 centimètres de distance, un objet d’or, en dehors du regard et de l’attention du malade, c’était comme un charbon ardent. Encore n’était-ce pas seulement un phénomène subjectif. Un jour que dans une violente crise d’agitation en somnambulisme, à l’asile de Lafond, notre confrère M. le docteur Mabille dut, pendant plusieurs heures, aider à maintenir V…, une bague qu’il portait au doigt produisit au poignet de V… une vraie brûlure avec phlyctène et plaie consécutive.

Que de fois nous avons approché des objets, montre, porte-crayon en bronze d’aluminium, qu’au premier coup d’œil on ne pouvait distinguer des bijoux d’or ! Jamais le malade ne s’y est trompé une seconde.

Le mercure agissait comme l’or ; nous nous en sommes aperçu un jour que nous avions mis un thermomètre ; la sensation de brûlure fut instantanée, et pourtant dans un thermomètre le mercure est complètement enfermé dans le verre.

M. le docteur Mabille mit un jour sur l’avant-bras un thermomètre entièrement recouvert d’étoffe pour que le malade ne le reconnût pas ; au point de contact il se fit une brûlure, un soulèvement de l’épiderme, une plaie à la suite.

Voulant poursuivre cette série si curieuse des métaux, nous eûmes recours à leurs composés, pour nous assurer de leur action. Le chlorure d’or en solution, enfermé dans un flacon bouché, agit comme son métal, mais avec moins de violence. Le contact put se prolonger et produisit le transfert.

Le nitrate de mercure en flacon eut également les effets atténués du mercure métallique, et amena le transfert. Les sulfates de fer, de zinc, de cuivre, avaient l’action de leur métal ; le nitrate d’argent, les carbonate et sulfate de plomb furent inactifs comme leur composant métallique.

Il était donc démontré que les sels agissaient comme leur métal, et cette donnée facilitait les expériences ultérieures.

Le métal gazeux, l’hydrogène, pouvait encore être essayé sans être en combinaison. Une éprouvette pleine d’hydrogène fut mise en contact avec la main, puis on dirigea un jet de ce gaz sur le bras et sur la nuque. Dans les deux cas, il se produisit des mouvements rythmés du membre droit, un rire spasmodique ; la verge entra en érection et la physionomie prit une expression de satisfaction voluptueuse.

Des contre-épreuves furent faites avec un jet de gaz carbonique, avec un courant d’air léger, qui ne produisirent jamais cet effet spécial d’excitation génésique.

Ayant l’intention de poursuivre ces recherches sur les métaux alcalins, qui ne sont pas maniables à l’état libre, nous avons pris un gros cristal d’iodure de potassium enveloppé de papier et l’avons appliqué sur l’avant-bras. Bientôt survinrent des bâillements et des éternuements.