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SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE


CONTRIBUTIONS À L’ÉTUDE DU TYPE CRIMINEL[1]

recherches expérimentales

Les notes suivantes peuvent présenter quelque intérêt, non pas, à coup sûr, à cause du nombre très limité d’observations que j’ai pu faire, mais à cause de la méthode que j’ai suivie.

Que fait-on, d’habitude, pour étudier le type criminel ? L’on se rend, pourvu des instruments de l’anthropométrie, à un bagne ou à une prison, et l’on choisit quelques sujets parmi ceux dont la mine est la plus mauvaise, dont la laideur est la plus repoussante, et qui offrent quelques-uns des caractères les plus fréquents et les plus saillants du type criminel. On les interroge directement sur leurs crimes, et, le plus souvent, c’est suivant leurs réponses qu’on prend des notes et qu’on dresse ensuite des planches.

Cette méthode laisse au dernier plan l’examen psychologique du malfaiteur dont le procès aurait donné la clef.

Mais les dossiers n’existant pas dans la maison de peine, il faut se contenter des notices très brèves et incomplètes contenues dans les registres de l’établissement, à moins de croire aveuglément aux renseignements que le détenu fournit lui-même lorsqu’on le décide à parler.

J’ai pensé que si l’on commençait par choisir ses sujets au point de vue psychologique et si l’on passait ensuite à l’examen anthropologique, on pourrait obtenir des résultats plus satisfaisants. On pourrait dire alors quelle est la proportion des anomalies physiques remarquées dans un nombre donné de malfaiteurs dont le type criminel a été établi préalablement, au point de vue psychologique, pendant que, selon la méthode pratiquée jusqu’à aujourd’hui, ce lien nous échappe presque constamment. Il se peut, en effet, que les individus choisis pour leur laideur ou leur difformité ne soient pas des criminels remarquables psychologiquement et, même, qu’ils soient tout simplement des délinquants occasionnels, pendant qu’on laisse de côté de vrais malfaiteurs dont le physique n’a pas attiré l’attention par quelque anomalie frappante. Cela justifie bien des doutes de la part des incrédules. En tout cas, le procédé que je propose me paraît une contre-épreuve excellente.

Pour ce genre d’expériences, il faut avoir en même temps à sa disposition les dossiers de la justice et les prisons. Ma charge de procureur du roi me plaçait dans ces conditions. Malheureusement, je n’ai pu faire qu’un très petit nombre d’observations, mais j’ai obtenu des résultats

  1. Séance du 9 novembre 1885. Présidence de M. Charcot.