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ANALYSES.a. cullerre. Magnétisme et hypnotisme.

que — laissons de côté la question de savoir s’ils ont tort ou non de ne se défendre pas de la souffrance, de la désirer presque — ils nous disent des sentiments qui, pour n’être pas ordinaires, n’en sont pas moins humains. M. Thiaudière n’a pas fait montre de talent et il ne nous dévoile rien de profondément senti.

F. Grindelle.

Dr A. Cullerre. Magnétisme et hypnotisme, 1 vol.  in-18, VIII-382 p.. J.-B. Baillère et fils, 1886.

Il est difficile d’écrire une œuvre de vulgarisation sur une question qui, comme celle de l’hypnotisme, est encore, à l’heure actuelle, en pleine évolution. L’auteur s’est tiré d’embarras en conservant à chaque savant la paternité de ses idées, et en se bornant au rôle de chroniqueur. Mais cette manière de procéder a l’inconvénient de placer côte à côte des opinions disparates, des expériences contradictoires, et d’inquiéter le lecteur qui, en définitive, ne sait plus que penser. Pour tout dire, ce livre a le défaut de la plupart de ceux qui ont traité le même sujet dans ces dernières années : il manque d’esprit critique. — L’ouvrage s’ouvre par un historique, précis et substantiel, du magnétisme animal, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (pp. 1 à 92). Le défaut que nous venons de signaler apparaît dans ces premières pages. M. Cullerre attache une importance exagérée à des expériences contestables pour lesquelles un mot aurait suffi. Il consacre par exemple trois pages à la force neurique rayonnante de M. Barety. D’autre part, il ne s’aperçoit pas que M. Charcot a rempli, dans la question de l’hypnotisme, un rôle au moins égal à celui de Braid ; il donne à l’intervention de l’éminent professeur la même importance qu’à celle de Gigot-Suard ou de Lasègue. Disons donc une fois encore que jusqu’à ces dernières années, jusqu’en 1878, le monde scientifique est resté dans la réserve sur ces questions délicates, et que c’est M. Charcot qui a donné le premier une démonstration de l’hypnotisme, en mettant en relief les phénomènes physiques et matériels de cette névrose expérimentale. M. Cullerre commet la même erreur, mais en sens contraire, à l’égard de M. Bernheim, dont le livre, nous dit-il, est plein de faits nouveaux et nous conduit de surprise en surprise.

Les procédés employés pour produire l’hypnose sont énumérés avec un certain soin, mais sans que l’auteur ait essayé de les soumettre à une classification ou d’en déduire une idée générale sur les causes du sommeil hypnotique. De plus, par un oubli regrettable, il ne parle point de la brochure de M. Pitres sur les zones hypnogènes ; il y a cependant dans ce travail de cinquante pages des faits de premier ordre, qui jettent un jour tout nouveau sur l’hypnotisation.

Après l’étude des procédés, l’auteur trace le tableau de l’hypnotisme chez les hystériques, ou grand hypnotisme, en résumant les descriptions de M. Charcot et de M. Richer. Il aurait été juste de rappeler à ce propos les expériences de MM. Tamburini et Seppilli qui sont en