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ment progressif de la doctrine et suivit les transformations qu’elle reçoit chez les divers représentants du stoïcisme. M. Ogereau croit que la doctrine stoïcienne est une, que ses dogmes essentiels, posés par Zénon, ont été acceptés par tous les stoïciens, que les temps divers et les circonstances dissemblables qu’elle a traversés ont pu imposer des changements à la forme de l’enseignement, mais non en altérer et en transformer le fond. Nous inclinons à croire, après un examen attentif des textes, que la doctrine de Zénon a subi des modifications plus graves et plus profondes que ne le pense M. Ogereau, mais nous n’insisterons pas sur ce point, qui exigerait une longue discussion. Il nous suffira d’examiner et de faire connaître l’ouvrage de M. Ogereau en essayant de mettre en lumière les services qu’il peut rendre à ceux qui veulent connaître le stoïcisme.

L’auteur nous avertit qu’il a refait presque en entier le premier chapitre et remanié complètement le dernier ; il a introduit en outre dans le cours de l’ouvrage quelques modifications beaucoup moins importantes.

L’ouvrage est précédé d’une préface et renferme dix chapitres qui traitent de l’unité de doctrine chez les premiers stoïciens, de l’être, du monde, de l’homme, du critérium de vérité, de la dialectique, du souverain bien, du sage et de la cité, de la théodicée et de la religion, de la conservation de la doctrine primitive chez les derniers stoïciens.

La préface nous fait connaître d’une manière très précise le but que s’est proposé l’auteur. « Après les travaux de MM. Zeller et Ravaisson, dit-il, il m’a semblé que le système philosophique des stoïciens pouvait encore fournir une matière suffisante pour un livre qui ne ferait double emploi avec aucun autre. » Il s’est surtout préoccupé de conserver cette unité et cette continuité qu’il considère comme essentielles à une exposition exact de la doctrine stoïcienne. Il n’y a donc pas lieu de chercher dans cet ouvrage une histoire complète du stoïcisme, et on ne comprendrait pas dans notre analyse des critiques qui porteraient exclusivement sur les questions que l’auteur a de son plein gré laissées en dehors du plan qu’il s’est tracé. Contentons-nous d’appeler l’attention sur ce qu’il a voulu traiter. À ce point de vue, il nous semble que l’ouvrage mérite d’être lu avec soin par ceux qu’intéresse l’histoire d’une doctrine qui a exercé sur l’humanité une influence si considérable.

Indiquons d’abord rapidement quelques-unes des modifications, d’ailleurs peu importantes, qui nous sembleraient nécessaires dans une seconde édition de cet ouvrage. Il faudra tout d’abord retirer à l’école d’Épicure l’épithète de peu militante, que l’auteur (p. 19) lui attribue. Les Épicuriens, en effet, ont été très agressifs contre toutes les autres écoles, comme nous le montrent les témoignages de Plutarque, de Cicéron, de Philodème et de Diogène Laerce lui-même. Il conviendrait d’indiquer à propos du monde les divergences des stoïciens sur la position respective de Vénus et de Mercure. Il existe en outre sur