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ANALYSES.ogereau. Le système philosophique des stoïciens.

bilité doit être immortel ; la mort est pour nous une transformation et non une fin, comme la matière demeure indestructible malgré ses changements incessants. Si nous sommes immortels, dit-il plus loin, nous pouvons avoir déjà vécu une infinité d’existences, et un autre infini nous attend. La raison pure, dit-il encore, est le code d’un certain arbitraire senti ou expérimenté, n’offrant par conséquent aucun caractère de nécessité, mais s’imposant à nous. Quant au libre arbitre, il échappe de toute manière à notre intelligence ; il entraîne la notion du changement et par conséquent celle du temps, ce qui nous rend incapables de le connaître tel qu’il est.

Il n’est pas facile de voir comment l’auteur concilie entre elles ces diverses hypothèses métaphysiques, ni surtout comment il peut les accorder avec les données scientifiques auxquelles il semble attribuer une importance capitale. Mais il y a dans ce livre bon nombre de formules heureuses et d’aperçus suggestifs. Il est profondément regrettable que l’auteur n’ait pas eu le temps de le mûrir et d’y mettre la dernière main. Tel qu’il se présente à nous, trop souvent énigmatique et incomplet, nous reconnaîtrons volontiers que nous ne l’avons lu ni sans plaisir ni sans profit.

F. Picavet.

F. Ogereau. Essai sur le système philosophique des stoïciens. 1 vol.  in-8o, Félix Alcan, Paris, 1885.

L’Académie des sciences morales avait mis au concours en 1874 une étude complète de la philosophie stoïcienne. Après avoir prorogé trois fois ce concours, elle l’a clos définitivement en accordant au mémoire présenté par M. Ogereau une récompense de 1,000 francs. Le rapporteur du concours, M. B. S.-Hilaire a trouvé que M. Ogereau avait mal interprété le programme de l’Académie et n’avait dit que fort peu de chose des origines du stoïcisme. Nous croyons que le livre publié n’est pas sur ce point conforme au mémoire, et que l’auteur a tenu quelque compte de la critique du savant rapporteur. M. Ogereau explique, en effet, assez longuement au premier chapitre de son livre comment Zénon partant du cynisme, a été conduit sous l’influence des philosophies de Platon et d’Aristote, à élargir le cercle de la philosophie d’Antisthène et à unir à la morale du cynisme la physique d’Héraclite.

De même le grave reproche, mérité peut-être par le mémoire, de n’avoir point expliqué par suite de quelles considérations les stoïciens ont divisé en physique, logique et morale l’ensemble de la philosophie, ne saurait plus être adressé au livre. Nous trouvons en effet au chapitre IV (p. 77, 78, 79, 80) les raisons sur lesquelles se fonde cette division, attentivement examinées et présentées d’une manière fort intéressante. L’Académie aurait aussi voulu que l’auteur expliquât le développe-