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L’intensité des vibrations moléculaires pourrait ainsi expliquer les immunités morbides momentanées ou permanentes. Lorsqu’une maladie infectieuse détermine une réaction générale, des accidents fébriles, elle modifie par cela même le terrain sur lequel les micro-organismes se sont développés ; les conditions d’existence de ces derniers se trouvent modifiées et leur destruction s’ensuit. On peut ainsi se rendre compte théoriquement de l’évolution nécessairement cyclique d’un certain nombre de maladies infectieuses, dont la guérison peut s’effectuer spontanément, et dans des délais à peu près fixes. On peut comprendre encore comment les modifications déterminées par une maladie infectieuse favorisent le développement d’une autre.

Cette conception théorique, qui nous amène à subordonner à la dégénérescence héréditaire ou acquise la genèse de la plupart des maladies, peut paraître décevante au premier abord ; il semble en effet qu’il ne doive plus rester au médecin que le rôle que lui attribue Faust : « étudier les choses par le gros et par le menu, et laisser aller comme il plaît à Dieu ». Il n’en est rien cependant ; le poids du passé n’écrase pas fatalement tous ceux qui ont été touchés par quelque cause de dégénérescence ; il est possible, précisément en raison de la nécessité des réactions que l’on peut quelquefois calculer, il est possible, dis-je, d’arrêter l’évolution morbide des néophytes qui n’ont pas encore revêtu les insignes officiels du dégénéré, et de neutraliser les effets des troubles accidentels.

Ch. Féré.