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CH. FÉRÉ. — sensation et mouvement

minés. — Or, comment concevoir qu’une même excitation soit susceptible de modifier profondément l’état vibratoire d’un sujet, tandis que cette modification ne se produit pas chez les autres, autrement qu’en reconnaissant un affaiblissement des vibrations moléculaires, de la vibratilité propre de ce premier sujet ?

Nous avons déjà eu occasion de dire comment la vibratilité d’un sujet peut varier d’un moment à l’autre, suivant l’influence exercée sur lui par les circumfusa ou les ingesta. Un individu quelconque peut donc à un moment donné se rapprocher plus ou moins des dégénérés héréditaires et être plus sensible aux influences extérieures.

Cette diminution de l’énergie vibratoire de certains sujets, ou même de tous les individus sous des influences variables, peut avoir une importance très considérable au point de vue de la pathologie générale.

On peut ainsi s’expliquer comment, lorsqu’un individu a été déprimé par une influence accidentelle quelconque qui s’est traduite par une diminution de l’énergie vibratoire, il ne peut se réparer que dans des conditions hygiéniques exceptionnellement bien dirigées. L’atténuation de l’énergie spécifique tend à s’accentuer à chacune des générations suivantes qui dégénère, non seulement au point de vue de l’évolution de chaque organe en particulier, mais encore au point de vue général, et finit par aboutir à la stérilité.

D’autre part, il est important de rappeler que, pour quelques-unes de certaines bactéries au moins la démonstration est faite, le développement ne peut se faire lorsque le milieu dans lequel elles vivent est agité d’un mouvement suffisamment rapide. En un mot le mouvement s’oppose à leur développement (P. Bert. Horvath)[1].

On comprend par là comment des sujets affaiblis congénitalement ou dont la vibratilité spécifique a été diminuée sous l’influence d’un trouble de nutrition, d’influences extérieures dépressives, comme les températures excessives, les fatigues de toutes sortes, etc., soient plus exposés aux maladies infectieuses, les bactéries trouvant un milieu favorable dans un organisme dont la puissance vibratoire est atténuée.

On peut noter d’ailleurs que lorsque l’on fait la statistique de la mortalité d’une période comprenant une grande épidémie, comme une épidémie de choléra par exemple, et qu’on la compare à celle d’une période égale des années suivantes ou précédentes, il n’y a pas de différence considérable. L’épidémie n’a donc touché que les sujets prédisposés.

  1. Bull. Societe de biologie, 18.