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mettent de comprendre comment les excitations sensorielles, émotions répétées ou violentes de la mère pendant la grossesse[1] peuvent déterminer des troubles profonds dans la nutrition du fœtus et en particulier dans son système nerveux, et ces dégénérés congénitaux (ab utero) ne peuvent guère se distinguer des dégénérés héréditaires[2]. Un bon nombre des cas d’épilepsie, d’idiotie, etc., reconnaissent pour cause l’alcoolisme des parents : tous ces troubles physiques et mentaux un peu profonds de la mère pendant la gestation peuvent agir dans le même sens.

Les faits grossiers qui montrent l’influence de l’état psychique de la mère sur l’état somatique du fœtus nous mettra peut-être sur la voie de l’explication de l’influence de l’imagination de la mère sur le développement du produit de la conception.

V

S’il est relativement facile d’établir que toute excitation détermine la production d’un mouvement de tout l’organisme, il est moins aisé de faire la contre-épreuve, et de montrer expérimentalement que tout obstacle au mouvement est capable de produire une obnubilation de la sensation, de modifier les effets de l’excitation. Cependant on me permettra de citer quelques faits.

Nous avons vu précédemment que certaines excitations déterminent chez des sujets appropriés une augmentation de la sensibilité et de l’énergie motrice, s’accompagnant d’un phénomène accessoire et mal défini, connu sous le nom de transfert. À ces faits de dynamogénie, j’opposerai certains faits d’inhibition qui ne manquent pas d’intérêt dans l’espèce.

Sur plusieurs hystériques présentant une anesthésie prédominante d’un côté du corps, on immobilise même imparfaitement les doigts, la main et l’avant-bras d’un côté, avec une bande élastique ou même une simple bande de toile enroulée autour du membre et modérément serrée ; il se produit alors une modification de la sensibilité des plus remarquables. Si la compression a été un peu forte, le sujet perd la notion de la position de son bras, et en même temps la sensibilité générale et spéciale s’affaiblit dans tout le côté du corps correspondant, même si la compression a porté sur le côté le plus fortement atteint d’anesthésie. Le côté opposé gagne au contraire en sensibilité. Retenons seulement ce fait important que la compression circulaire d’un membre est capable de déterminer une

  1. Progrès médical, 1884, p. 245.
  2. Ch. Féré, Nerve troubles as foreshadowed in the child (Brain, july 1885).