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tivement le plus épuisée, c’est-à-dire avant les repas et le soir. Les mouvements s’apaisent au contraire lorsque la mère a pris des aliments ou s’est reposée.

Une des femmes que j’ai interrogées m’a déclaré que chaque fois qu’elle mangeait d’un mets qu’elle digérait mal, elle était incommodée par les mouvements du fœtus après le repas. Certains aliments, comme le poisson, par exemple, paraissent jouir de propriétés excitantes qui se manifestent sur un grand nombre de sujets ; ces faits indiquent que les sensations internes de la mère déterminent sur le fœtus des mouvements analogues à ceux qui sont provoqués par les sensations externes.

L’influence de l’excitation psychique de la mère n’est pas moindre : sous l’influence de la colère, les mouvements du fœtus se manifestent souvent avec une très grande intensité ; et il en est de même dans les autres états psychiques violents.

J’interrogeais un jour une femme enceinte de sept mois qui avait déjà un jeune enfant : « Il semble, me disait-elle, qu’il y a une sympathie étrange entre l’enfant que je porte et l’autre. Quand le second crie ou pleure, le premier s’agite extraordinairement, au point de me donner des douleurs très vives. » D’autres femmes qui ont eu plusieurs enfants m’ont confirmé la réalité de cette remarque. Chez quelques-unes, c’est seulement dans ces conditions qu’on voyait se révéler l’influence des irritations périphériques sur le fœtus : aucun ébranlement mécanique de même intensité n’est capable de déterminer chez la mère un état émotif équivalent à celui que provoquent les cris de son enfant, et de produire par conséquent des contractions musculaires aussi intenses.

Un fait que je n’ai pas trouvé signalé, et qui me paraît très important m’a été rapporté par plusieurs femmes. Souvent au milieu d’un rêve banal, produisant une excitation très modérée, n’offrant pas les caractères d’un cauchemar, dans lequel le sujet lui-même est réveillé en sursaut par une contraction brusque de tout le corps sous l’influence d’une hallucination terrifiante ; au milieu d’un rêve qui, à l’état normal, n’aurait pas interrompu le sommeil, la femme est réveillée par les mouvements du fœtus. Ce fait nous montre que les représentations mentales de la mère provoquent des réactions motrices chez le fœtus, et que, même, tout comme pour les excitations sensorielles, ces réactions sont plus fortes chez lui que chez elle. Il semble qu’en raison de sa faiblesse il réagisse plus fortement à toutes les excitations, et constitue une sorte de multiplicateur des réactions de la mère.

En somme, le fœtus dans la cavité utérine réagit, on peut dire