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les effets de l’irritation d’un autre sens : tantôt elle les exagère, tantôt elle les diminue. Par exemple, sous l’influence d’une excitation visuelle, les réflexes provoqués par la percussion d’un tendon, deviennent plus considérables, l’action du vinaigre sur les organes du goût s’ajoute à l’action de la même substance sur l’organe de l’odorat, etc. ; d’autre part, un grand nombre de faits montrent qu’une excitation est susceptible de supprimer les effets d’une excitation antérieure plus faible ou seulement différente.

Ces phénomènes sont plus facilement constatés sur des sujets nerveux, mais ils peuvent l’être aussi sur des individus parfaitement sains. Nous appellerons l’attention sur quelques faits du même ordre, qui sont particulièrement intéressants grâce à cette circonstance que la bonne foi du sujet ne peut pas être mise en cause[1].

À partir du quatrième ou du cinquième mois de la grossesse, le fœtus présente des mouvements dits spontanés ou actifs, assez étendus pour être sentis par la mère, et même par une main étrangère. Ces mouvements n’ont guère été considérés par les accoucheurs qu’au point de vue du diagnostic de la grossesse et de la vitalité du fœtus. C’est surtout Jacquemier[2], qui s’est préoccupé des conditions de leur production ; mais il reste encore beaucoup à faire à cet égard.

On a remarqué depuis longtemps que les chocs physiques ou moraux, les émotions violentes éprouvées par la mère sont susceptibles de provoquer des mouvements du fœtus. C’est ainsi que les applications de froid sur le ventre, ou encore l’ingestion d’un liquide à une basse température, sont reconnues capables de les produire. Jacquemier a constaté que pendant que la mère était en proie à une attaque d’hystérie, le fœtus était animé de mouvements convulsifs ; j’ai pu faire la même observation sur deux sujets. Enfin, dans des expériences sur les animaux, le même Jacquemier a constaté que le pincement direct du fœtus, encore contenu dans ses enveloppes, détermine des mouvements. On s’est préoccupé de savoir si ces mouvements étaient volontaires ; ils le sont comme les mouvements de surprise de la mère, ils le sont comme les mouvements de défense de la grenouille décapitée, dans l’expérience de Pflüger.

Il n’est pas sans intérêt de considérer dans quelles conditions les mouvements se produisent de préférence. Il n’est pas douteux qu’ils se font sentir fréquemment lorsque la mère subit une secousse violente de quelque nature que ce soit ; mais il n’est pas nécessaire

  1. Communication à la Société de psychologie physiologique (séance d’octobre).
  2. Jacquemier, Manuel des accouchements, 1846, t.  I, p. 323.