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CH. FÉRÉ. — sensation et mouvement

l’avant-bras gauche, c’est-à-dire du côté hémianesthésique et hémiparétique, et je fais serrer alternativement le dynamomètre et le dynamographe. Je marque sur le cylindre le moment de chaque pression du dynamomètre et j’en inscris le résultat, qui, à la fin de l’expérience, est transcrit sur le cylindre aux points terminés. On peut ainsi lire sur la même feuille les courbes du dynamographe (main droite) et les pesées du dynamomètre (main gauche).

Lorsque, comme je viens de le dire, l’aimant a été placé du côté hémiparétique, on voit que, au bout d’un temps variable pour chaque sujet, le premier phénomène est l’exagération de la force musculaire du côté correspondant à l’aimant. Et, chose remarquable, la force peut devenir de ce côté hémiparétique plus considérable qu’elle n’était du côté opposé avant l’expérience ; il y a donc un gain immédiat, c’est-à-dire quelque chose de plus que ce qu’on est convenu d’appeler le transfert.

Si, un autre jour, on reprend l’expérience sur les mêmes sujets, en appliquant l’aimant ou l’esthésiogène, non plus sur le côté hémiparétique, mais sur le côté le plus fort, et qu’on enregistre de la même manière les résultats, on voit qu’il se produit tout d’abord une augmentation de la force musculaire du côté de l’aimant, c’est-à-dire cette fois du côté le plus fort, et que le transfert ne se fait que consécutivement. Cette expérience nous explique comment le phénomène communément désigné sous le nom de transfert est moins rapide, lorsque l’esthésiogène est appliqué du côté opposé à l’hémianesthésie ; mais, en outre, elle montre que le premier effet de l’aimant ou du métal spécifique pour le sujet est de déterminer une dynamogénie, quel que soit le côté sur lequel il est appliqué. L’aimant agit donc à la manière des autres excitations sensitives ou sensorielles que nous avons étudiées précédemment.

La constatation de cette action dynamogène, commune aux excitations sensitives, sensorielles et à l’aimant placé à distance, m’a conduit à chercher si une excitation sensorielle quelconque n’était pas capable de déterminer le transfert.

On sait depuis longtemps que certaines irritations cutanées, que les sinapismes, le collodion, les vibrations du diapason, etc., déterminent le transfert. On était moins bien fixé, je crois, sur le rôle des excitations sensorielles pures ; cependant, sur certains sujets au moins, on peut par une excitation unilatérale tant soit peu forte du goût, de l’odorat, de l’ouïe, de la vue, produire la dynamogénie et le transfert. Par exemple, étant donné un sujet anesthésique gauche sensible au rouge, si on bouche l’œil droit et qu’on fasse arriver des rayons rouges, exclusivement à l’œil gauche, cet œil qui ne perce-