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Si les muscles sont déjà en action sous l’influence de la volonté, comme lorsque le sujet fait effort pour maintenir la pression sur le dynamographe manuel, les secousses provoquées par les recrudescences de l’excitation sensorielle sont beaucoup moins hautes, mais elles sont encore très appréciables sur quelques-uns des tracés que j’ai déjà donnés précédemment.

Dans une autre série d’expériences, avec le même dispositif, j’ai étudié les réactions des mêmes muscles ou l’influence d’un même choc sur le tendon, suivant que le sujet est exploré à l’état normal ou sous l’influence de la lumière rouge. On voit que dans le second cas le mouvement réflexe est beaucoup plus intense. Je n’ai pas pu obtenir avec quelque netteté le même résultat sur des sujets sains.

Ces observations, sur lesquelles j’aurai à revenir plus en détail, ne font que confirmer mes précédentes conclusions sur l’influence des excitations sensitives et sensorielles sur les mouvements. Toute excitation détermine un mouvement auquel paraissent prendre part tous les éléments contractiles de l’organisme, et ce mouvement semble constituer essentiellement le caractère objectif de la sensation.

II

Quelques faits relatifs au transfert de la force musculaire chez les hystériques méritent d’être rapprochés des observations qui précèdent.

Sitôt après la découverte du transfert des troubles unilatéraux de la sensibilité, soit par l’aimant, soit par les autres esthésiogènes, on a remarqué que la force musculaire, toujours moindre du côté le plus anesthésique, augmente ou diminue en même temps que la sensibilité du côté correspondant. Le transfert de la force musculaire n’avait été considéré, à ma connaissance du moins, que comme une partie accessoire du phénomène. Il mérite pourtant d’être considéré en particulier, car il me paraît propre à jeter quelque lumière sur le phénomène du transfert en général.

En effet, le transfert de la sensibilité est un phénomène très délicat à étudier, précisément en raison de la difficulté de mesurer la sensibilité, surtout lorsqu’elle varie d’une façon rapide. Les modifications de la force musculaire peuvent au contraire être mesurées, et, lorsque les écarts de ces mesures sont considérables, on est en droit de tirer des conclusions de l’observation.

Voici comment j’ai opéré : un dynamographe est placé dans la main droite et un dynamomètre dans la main gauche du sujet en expérience. J’applique un aimant ou des pièces métalliques, etc., sur