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physiologique. Il nous mène par une route facile et semée d’aperçus féconds au seuil de l’esthétique musicale, Son titre est : le Son et la Musique[1] et son auteur est M. Blaserna, professeur à l’Université de Rome. Je le signale aux musiciens curieux des sources de leur art. Avant d’aborder l’ouvrage de M. Helmholtz, ils feront bien de lire tout d’abord les neuf chapitres de M. Blaserna et la conférence qui leur fait suite et qui est de M. Helmholtz lui-même.

Maintenant, je l’espère, il est aisé de comprendre pourquoi le professeur Carl Stumpf, dans la préface de sa Tonpsychologie, s’est fait une obligation de nommer Helmholtz. Il reconnaît que son livre est devenu classique, qu’il méritait de le devenir, que de son apparition date une ère nouvelle dans l’histoire de l’esthétique scientifique. Helmholtz a rendu possible la psychologie musicale. Pour-quoi ? Parce que l’indépendance réciproque de l’acoustique physique, de l’acoustique physiologique, de l’acoustique psychologique ne saurait être affirmée ; parce que l’inférieur conditionne le supérieur ; parce que les phénomènes relativement simples précèdent et préparent l’apparition des phénomènes complexes.

Le savant auquel on doit la théorie physiologique de la musique a étendu son sujet, d’un côté, jusqu’aux recherches auxquelles le physicien s’adonne, de l’autre, jusqu’aux avant-postes de la psychologie. On doit remarquer cependant qu’il regarde plus souvent dans la première direction que dans la seconde. Pourquoi ? La psychologie, qui lui vient en aide, ne peut lui fournir que des indications nécessaires, sans doute, mais brèves, élémentaires. Elle ne diffère pas, en somme, de cette psychologie de sens commun sans laquelle ni la science psychologique ne serait possible ni même les autres sciences ; comme l’a dit ingénieusement M. Rabier, il n’y a que des phénomènes psychologiques. Ceux-ci sont le point de départ de la connaissance de tous les autres. Aussi, quand M. Helmholtz débute par analyser la sensation auditive, il ne le fait pas à la manière du psychologue. Il étudie la sensation dans ses causes, dans ses antécédents externes, et, par conséquent, c’est au physicien qu’il s’adresse tout d’abord.

M. le professeur Stumpf a donc raison, dans sa Préface[2], d’attribuer à l’acoustique physiologique et à l’acoustique psychologique un matériel commun : les sensations. Mais tandis que le physiologiste, Helmholtz par exemple, s’attache à l’étude des antécédents de la sensation, le psychologue, par exemple M. Stumpf, en étudiera les consé-

  1. Ce volume fait partie de la Bibliothèque scientifique internationale. Paris, Félix Alcan, 1879.
  2. P. VI et VII.