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est incapable soit par suite d’un état morbide des centres d’idéation, soit par défaut de culture (c’est le cas du paysan qui croit à l’apparition qu’il a vue), l’esprit croira à la réalité objective des images qu’il a perçues. Je ne sais pas au reste comment il serait possible de distinguer des perceptions vraies un groupe d’hallucinations qui seraient aussi cohérentes et aussi persistantes que les perceptions elles-mêmes. Je crois que le seul critérium dont nous disposerions alors serait que nous pouvons agir sur les objets de nos perceptions, tandis que nous ne saurions avoir aucune action sur les images hallucinatoires que nous avons objectivées.

Léon Marillier.

DE CERTAINES FORMES D’HALLUCINATIONS

Par M. F. Myers,
Membre associé étranger.

À propos de la communication de M. Ch. Richet sur les rapports de l’hallucination avec l’état mental des hallucinés, il me sera permis de rappeler quelques-uns des faits sur lesquels la Society for Psychical Researches a porté depuis plusieurs années ses investigations.

Jusqu’ici, les psychologues n’avaient pas suffisamment étudié les hallucinations survenant quand l’état mental est intact ; nous avons essayé de combler cette lacune, et M. Gurney a obtenu à cet égard des communications de près de cinq mille personnes. Il est résulté de cette sorte d’enquête, que même avec un état mental irréprochable, on observe assez fréquemment les hallucinations et même plus fréquemment qu’on le croit en général.

En second lieu, nous avons réuni des cas d’hallucination dans lesquels l’hallucination susdite ne s’est produite qu’une seule fois dans l’esprit de la personne hallucinée.

Les détails de cette enquête, conduite avec les précautions habituelles, sont consignés dans un livre qui paraîtra prochainement, livre que nous avons appelé : Phantasms of the Living.

Dans sa notice lue à la Société de psychologie, M. Ch. Richet proposait trois hypothèses :

1o Celle du mensonge et de la fraude ;

2o Celle d’apparitions véritables ;

3o Celle d’apparitions sans réalité objective.

Nous avons cru devoir introduire une quatrième hypothèse : c’est celle d’hallucinations véridiques ; c’est-à-dire d’hallucinations qui, sans avoir une réalité matérielle, correspondent cependant avec un fait réel, qui a déterminé, par un processus encore tout à fait inconnu, le moment et la nature de cette hallucination.

Un grand nombre d’observations (environ 800) ont été recueillies, dans lesquelles l’hallucination de A coïncidait exactement avec la maladie ou la mort de B.