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ANALYSES.e. kulke. Transformation de la mélodie.

estiment être partie intégrante de la doctrine du maître et dont tels autres la veulent purger comme d’une impureté.

Lucien Arréat.

Eduard Kulke.Ueber die Ümbildung der melodie. Ein beitrag zur Entwickelungslehre (Sur la transformation de la mélodie). Prag, Ott, Beyer, 1884, 20 p..

Cet intéressant petit travail est sorti des remarques faites par M. Kulke, dès 1860, au cours de ses exercices d’écriture musicale sous la direction de feu Peter Cornelius. Ces exercices étaient conduits de manière à appeler son attention sur la structure des mélodies dictées par le maître, et la lecture, qu’il poursuivait dans le même temps, du grand ouvrage de Darwin récemment paru, lui inspira la curiosité de rechercher si l’hypothèse nouvelle ne pourrait s’appliquer au développement de la mélodie en particulier. Quelques écrits parus depuis, et notamment un ouvrage de Tappert, ont répondu en partie à son projet, mais ils ne l’achèvent pas.

M. Kulke fait ressortir tout d’abord la différence qui se trouve entre un motif simple et un motif diversifié. Il soumet dans ce but à l’analyse l’andante de la symphonie en ut mineur de Beethoven, deux menuets de Mozart, un allégro de Haydn. Il compare enfin, empruntant à Tappert ce dernier exemple, le motif allégro de la sonate de Mozart pour piano et violon, en sol majeur, avec la « Pester Walzer » de Lanner, où le même motif compliqué par Mozart se reproduit étroitement, tout en restant agréable.

Je ne sais s’il est permis de faire tenir dans les deux premières mesures le motif (j’y verrais plutôt l’allure du motif et l’accord dominant) de l’andante admirable de Beethoven ; il me paraît difficile d’en arrêter si court la marche, et la suite symétrique donnée à ces deux premières mesures ne serait pas la même, malgré tout, si M. Kulke eut pu oublier, en l’écrivant, la suite véritable de Beethoven. Cette observation reste juste pourtant, que la rupture de la symétrie, du parallélisme, distingue cette dernière de sa copie, et cela suffit au dessein de ce travail.

Est-ce donc qu’il est possible de parler d’une « transformation » de la mélodie ? Il n’est pas besoin de définir préalablement la mélodie, et le mieux est d’en savoir un peu plus long qu’on n’en sait sur l’origine de la musique elle-même. Soit que la musique ait procédé du développement du langage, comme le veut Spencer, ou de la danse, comme le disent la plupart des auteurs avec Richard Wagner, il est certain que nos mélodies « compliquées » marquent un stade d’un développement et ne sauraient jamais être assignées aux débuts de l’art. La vérité se trouve peut-être dans l’union des deux hypothèses.

La mélodie enferme deux éléments : la hauteur des sons, le rythme. Le premier ne dérive pas de la danse, mais le second. On peut danser