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ANALYSES.h. cohen. Kants theorie der Erfahrung.

cérébrale, ni quoi que ce soit de positif sur leur organisation nerveuse, mais peu importe : leur génie devait provenir de la qualité de leurs cellules.

Peut-être pourrait-on faire à notre auteur des objections analogues à celles qu’il répète à propos du volume cérébral, — lui faire voir par exemple que beaucoup d’individus très impressionnables ou excitables n’en ont pas moins une intelligence très médiocre. Mais à quoi bon, puisque lui-même ne sait pas au juste ce qu’il veut dire lorsqu’il parle de la qualité ?

La qualité étant opposée à la quantité cérébrale, ce doit être quelque chose de relatif à l’organisation, quelque substratum anatomique ou physico-chimique si l’on peut ainsi dire. L’auteur se trompe donc en disant que la qualité de la cellule cérébrale est constituée par l’impressionnabilité. Celle-ci ne saurait être au contraire que le résultat de la qualité, puisque qualité il y a ; ce ne serait qu’une qualité résultant de la qualité considérée comme substratum et non pas ce substratum lui-même.

Parler de l’impressionnabilité cérébrale, ce n’est donc point parler de la qualité cérébrale. Celle-ci reste un quid ignotum très vraisemblablement complexe comme la qualité de l’eau ou du vin, et puisque M. le Dr Bloch, pas plus que nous, ne connaît ce quid ignotum, il aurait pu imiter le silence prudent de ceux à qui il reproche de n’en avoir point parlé à propos du volume ou du poids cérébral.

En dépit de la petitesse de son cerveau, Gambetta sut découvrir qu’il n’y avait pas de « question sociale », mais des questions sociales. S’il eût pris le temps de réfléchir un peu plus, M. le Dr Bloch eût peut-être découvert à son tour qu’il n’y a pas de qualité cérébrale, mais des qualités cérébrales. Quant à la question des rapports du volume ou du poids du cerveau avec l’intelligence, elle est depuis longtemps analysée, et, puisque M. Bloch désirait en parler, il aurait dû, au préalable, l’étudier un peu plus sérieusement.

L. Manouvrier.

H. Cohen.Kants theorie der Erfahrung. (Théorie kantienne de l’expérience). 2e édition, Berlin, Fr. Dümmler, 1885, xxiv-616 p., in-8o.

Il a été déjà parlé ici de la première édition de cet ouvrage. Les modifications apportées à la deuxième justifieraient peut-être une nouvelle étude. Mais l’abondance des travaux néo-kantiens qui nous arrivent d’outre-Rhin est telle, que nous ne pouvons accorder à quelques-uns, qui en seraient dignes comme le livre de M. Cohen, une analyse suffisamment explicite, et l’honorable professeur nous pardonnera d’en faire aujourd’hui une très brève mention.

M. Cohen déclarait expressément, dans l’avant-propos de sa première édition, son dessein de fonder à nouveau la doctrine kantienne de l’à-priorité. La dispute provoquée par l’œuvre de Kant, écrivait-il, dispute où