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opposée. Ce qui est encore plus vrai, c’est qu’en combattant celle-ci M. Firmin a combattu souvent de véritables préjugés, et il a ainsi bien mérité des blancs et des noirs à la fois.

L. M.

Ad. Bloch. L’intelligence est-elle en rapport avec le volume du cerveau ? (Extrait de la Revue d’anthropologie, 4e fasc., 1885.)

L’intelligence n’est pas exclusivement en relation avec le volume du cerveau. Voilà une vérité cent fois démontrée, qui n’est et n’a jamais été contestée par personne, une vérité devenue banale. M. le Dr Bloch, l’ayant découverte à nouveau, a éprouvé le besoin de la démontrer une fois de plus : sa brochure de 40 pages ne contient que des citations ressassées, pour la plupart oiseuses ou malheureuses, de vieux arguments présentés avec une extrême pauvreté d’analyse anatomique et psychologique.

Mais avec quoi l’intelligence est-elle surtout en rapport ? Cela, personne ne le savait, mais on l’eût demandé au premier marchand venu que celui-ci n’eût pas hésité à répondre : puisque ce n’est pas avec la quantité, ce doit être avec la qualité. Cela ne va-t-il pas de soi ? Quantité, qualité, un mot amène l’autre. Aussi l’auteur n’est-il pas le premier qui, après avoir parlé du volume du cerveau, songe à la qualité. Il se félicite de trouver cette idée dans Topinard, qui ne l’a pas inventée non plus. Mais le livre de Topinard est un gros livre où beaucoup de choses trouvent place et acquièrent un poids considérable. Quoi qu’il en soit, c’est ce principal facteur de l’intelligence, la qualité de la cellule cérébrale, que M. le Dr Bloch « examine » dans la deuxième partie de sa brochure.

Le poids ou le volume du cerveau, cela est grossier, cela se mesure, se chiffre, s’analyse. Il en est ainsi de la forme elle-même, à laquelle songeait surtout, non sans de bonnes raisons, Gratiolet. Quand on traite du poids ou de la forme du cerveau, on sait de quoi l’on parle, et l’on peut marcher sur un terrain solide, scientifique. Mais la qualité du cerveau, qu’est-ce que cela ? Personne n’en sait rien. Aussi est-ce un beau sujet de dissertations inutiles, et c’est celui qu’aborde M. le Dr Bloch.

A-t-il recours à l’analyse chimique ? à l’analyse microscopique ? Nullement. Il « examine la qualité » avec les yeux de l’esprit, comme autrefois on étudiait les esprits animaux. « La qualité est constituée, dit-il, par l’impressionnabilité ou l’excitabilité plus ou moins forte de la cellule cérébrale envisagée comme substratum de l’intelligence. » C’est tout ce qu’il nous apprend, après avoir rempli de nombreuses pages d’anecdotes et d’appréciations sur les diverses façons dont travaillaient une foule d’hommes célèbres. Ces hommes célèbres, on ne connaît ni le volume, ni la forme de leur cerveau, ni l’état de leur circulation