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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Chauvet (Emmanuel). La philosophie des médecins grecs. Paris, Ernest Thorin, 1886, in-8o, LXXXIX-604 p.

« Voilà, en résumé, dans l’état des documents, ce que la médecine grecque nous paraît avoir apporté à la philosophie. On peut affirmer, sans crainte d’erreur, que la lecture des œuvres médicales d’Alexandrie, qui ont sombré, nous montrerait des doctrines philosophiques que nous ne soupçonnons pas. Mais, tout se bornât-il à ce que nous savons, il nous semble que la médecine grecque aurait encore bien mérité de la philosophie. On a écrit une thèse latine sous ce titre : De l’origine de la médecine, et comment la philosophie a concouru à ses développements. La thèse inverse n’est pas moins vraie : et si la philosophie a ses origines dans l’esprit humain lui-même, elle ne s’est pourtant pas faite toute seule ; elle a reçu de la médecine autant qu’elle lui a donné, par une réciprocité qui était dans le génie de la Grèce comme elle est dans la nature des choses. »

C’est l’auteur qui termine ainsi par où il aurait fallu commencer, son intention étant de soutenir une thèse, ou plutôt une anti-thèse, à laquelle il a consacré un volume assez gros et très incomplet, à ne considérer que les promesses du titre, ou inexact ou trop ambitieux ; car ce n’est point des médecins grecs en général qu’il s’occupe, en tant que philosophes, mais de deux seulement, Hippocrate et Galien ; encore le premier est-il sacrifié au second, qui remplit à lui seul cinq cents pages sur six cents ; le reste est donné à l’introduction, laquelle pourrait tenir lieu d’un programme à développer, si l’on y trouvait du moins tous les éléments du sujet en raccourci.

On se tromperait donc en jugeant l’ouvrage sur l’étiquette, à moins de croire que le médecin de Cos et le médecin de Pergame représentent toute la médecine grecque : ce serait leur faire beaucoup trop d’honneur et manquer à la justice qui est due à d’autres que la superstition des bas siècles de l’antiquité ne qualifia point de divins, malgré leur rare mérite.

Galien ayant passé sa vie à faire l’apothéose d’Hippocrate, il pensait évidemment ce qu’un autre partisan de l’autorité du dogme devait répéter sur tous les tons : « Il n’y a point d’autre dieu que Dieu, et