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notes et discussions

la psychologie, comme, par exemple, aux images, mais ne peut pas pénétrer dans la trame compliquée des opérations intellectuelles, telles que le jugement, le raisonnement, etc. Certes, l’expérimentateur ne peut pas se contenter de dire au sujet endormi : faites un jugement, pour étudier ensuite le phénomène psychique provoqué. Il faut prendre un détour, et imaginer une hypothèse qui donne une issue vers l’expérimentation. Mais la méthode hypnotique s’étend à toutes les fonctions intellectuelles et morales ; elle n’a pas de limites.

A. Binet et Ch. Féré.

À PROPOS DE GRAPHOLOGIE

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Il est admis que tout phénomène psychique est accompagné d’un phénomène physiologique qui lui correspond d’une manière toujours identique, et qui, toujours apparent, est un élément de la psychologie expérimentale.

Or, l’activité du système nerveux se manifeste plus qu’en toute autre partie du corps dans la main, dont la pantomime constitue, à elle seule, un véritable langage naturel. La main, concentrant cette activité dans la fabrication de signes graphiques, enregistre donc, en même temps, d’une façon stable et matérielle, les différentes phases de la production vitale.

Les signes graphiques devenant l’objet d’une étude spéciale, il est possible de remonter, en partant du phénomène physiologique qui s’est dessiné sur le papier, jusqu’à l’état de conscience qui y correspond. La graphologie ne fait pas autre chose ; c’est un système d’étude plutôt qu’une science ; à ce titre, elle a droit à considération, comme tout procédé de psychologie expérimentale.

Bien que J.-H. Michon n’ait pas été physiologiste, il n’en a pas moins fait reposer sa méthode sur ce principe, avec connaissance de cause, et il est fort à penser que les philosophes et les médecins, dont M. Héricourt réclame l’aide dans son substantiel article du mois de novembre[1], n’auront qu’à constater la justesse des observations du maître et à élargir un peu le cercle qu’il a tracé.

Rien n’est plus facile que cette vérification. Il ne s’agit pas du contrôle banal reposant sur l’appréciation de diverses personnes qui peuvent ne pas voir avec les mêmes yeux ; il est un moyen scientifique de mesurer exactement la valeur de la graphologie, un critérium irréfutable de son excellence.

Ce critérium, c’est l’hypnotisme, cet autre procédé de psychologie expérimentale. Si quelqu’un d’autorisé, M. Féré ou M. Binet, par exemple, éprouvait la Graphologie dans une série d’études spéciales, il arriverait à la conclusion suivante :

  1. Voir la Revue philosophique, novembre 1883, p. 499.