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cristaux, les cellules, et le reste, s’expliquent par la faculté de multiplier les formes de l’énergie.

Fasc. VI. Les premiers multiples que s’oppose l’unité absolue, ou les points indistincts, en faisant les atomes éthérés, en attiraient déjà les formes vers leur propre centre. Se condensant, ils attirèrent aussi les voisins ; et la cohésion et la gravitation s’en suivirent. Dans la chimie, il y a une irritabilité lente, qui prépare l’irritabilité prompte du protoplasma. L’évolution de l’autorité sociale est l’évolution de l’idée numérique, qui a fait le mouvement et les formes de toute la nature inférieure, évolution appliquée enfin au bien commun des hommes réunis en société.

Spencer a trop revêtu de phrases kantiennes l’évolution. Ses forces incidentes, son pur mécanisme, n’expliquent ni la différenciation ni l’intégration. Cela peut former des couches et des dépôts uniformes, être l’occasion de l’évolution, mais pas la faire par soi-même. Il tient trop peu de compte de la sensation rudimentaire. Il ne peut expliquer comment naissent les différentes forces. La véritable évolution a toujours pour principe la sensation. Si l’atome ne sentait pas les changements du dehors, il ne serait ni attiré, ni apte à réagir. Il n’y aurait point de Cosmos.

Le nombre réel est qualité, c’est-à-dire sensation et sentiment, c’est-à-dire unification et direction de nombreuses sensations, mesurées toujours par leur propre unité d’énergie. Toute unité sentante détermine la direction de ses forces, ses fonctions et ses formes, ses instruments et organes. Et ces déterminations successives, créatrices du mouvement, font peu à peu la nature inconsciente et nécessaire.

Fasc. VII. Toutes les sensations humaines sont des différenciations des sensations animales, celles-ci dérivant, comme celles des plantes, de l’irritabilité (psychique) du protoplasma.

Comme fonction intellectuelle, la douleur est la désharmonie ou la dissolution de l’unité. Il y en a trois espèces : les sentinelles et les éperons de la vie, les poisons et les corruptions de la vie, les extinctrices de la vie. Toute l’évolution cosmique est un effort pour éliminer la douleur. Le plaisir n’est pas, comme le dit Spencer, dans la répétition des fonctions biologiques, c’est-à-dire dans la nature faite ; il est dans les échanges et les contrastes de la nature qui se fait, dans la réduction du multiple à l’unité, dans la nouveauté des proportions figurées. Le jeu, le comique, le rire, la musique, la poésie, la peinture, sont toujours des contrastes harmonisés. Le beau est la condensation de la vie. La loi du plaisir est le progrès de l’inconscient au nouveau, un élargissement de notre unité embrassant plus de choses inférieures et entrant dans des unités supérieures.

Évolution anticléricale. Anglo-saxonne de Béda à Mac Clintock (méthodiste américain) et à Abbott (agnostique kantien). — Id. allemande dans sa vie intime ; critique historique du pessimisme philosophique allemand. — Évolution anticléricale allemande dans ses critères