Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXI, 1886.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
ANALYSES.p. radestock. Le génie et la folie.

97 lui est habituelle : « Cicéron n’a jamais caché qu’il devait toute sa science philosophique aux Grecs : quel tort lui fait-on d’interroger curieusement son texte, et tout ce qui nous est arrivé, soit de citations, soit de renseignements, des trois siècles philosophiques qui l’ont précédé, pour entrevoir l’auteur grec qui a servi de base à son travail, dans tel ou tel traité, dans telle ou telle partie de ce traité ? Pour moi, je sais gré à M. Thiaucourt de m’avoir fait connaître en quelques heures de lecture ce que j’aurais appris moins bien en plusieurs mois de travail… Les travaux de ce genre ne doivent remplacer ni l’histoire de la philosophie, ni la critique esthétique ou littéraire ; mais ils sont indispensables comme préparation, et pour ouvrir des voies sûres et nouvelles dans l’étude de l’antiquité ; et nous pouvons avouer humblement que nous les avons trop négligés dans notre pays. »

Victor Brochard.

Dr Paul Radestock.Genie und Wahnsinn, eine psychologische Untersuchung.Le génie et la folie, recherche psychologique. VII-78 p. in-8o. Breslau, Eduard Trewendt, 1884.

Le Dr Radestock, qui a déjà publié des études intéressantes et précises sur le sommeil et les rêves (Schlaf und Traum), sur l’habitude et son importance dans l’éducation (die Gewohnung und ihre Witchtigkeit für die Erziehung[1]), a recueilli dans ce nouvel ouvrage une quantité de documents et de remarques curieuses sur le génie et la folie. Voici le plan de l’ouvrage tel que l’auteur l’indique dans la préface : « J’ai tout d’abord par la lecture de riches biographies recueilli les faits historiques aussi bien que les faits médicaux et psychologiques qui se rapportent à ce sujet et je les ai complétés par des études générales de psychologie et de psychiatrie. J’ai ensuite disposé ces faits en groupes suivant leur importance et j’ai discuté les arguments pour et contre leur valeur démonstrative. Appuyé sur ce fondement, j’ai cherché au point de vue de la psychologie physiologique une description suffisante des relations et des points de contact du génie et de la folie. À la fin, j’indique en quelques mots le but et l’utilité de ces recherches. »

La première partie de l’ouvrage est assez difficile à résumer, car ce n’est qu’une énumération très complète et très précise de faits et d’anecdotes recueillies sur la vie des grands hommes. Voici les principaux groupes dans lesquels ces faits sont rangés. On peut énumérer d’abord un certain nombre d’hommes bien doués qui sont devenus réellement fous, par exemple, Lucrèce, Torquato Tasso, Ben Johnson, Reinhold Lenz, Schumann, Swammerdam, etc. Il y a des cas bien plus nombreux où les autres membres des familles qui ont donné le jour à

  1. Analysé dans la Revue philosophique, 1882, I, p. 208.