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F. - R.. — considérations sur la philosophie chimique

d’égale valeur ; de même, le travail extérieur peut produire dans les corps des changements qui augmentent leur énergie intérieure ; mais alors il y a absorption de chaleur, et la chaleur absorbée se retrouve en totalité dans l’accroissement de l’énergie interne.

« En définitive, dit M. Berthelot, la chimie se rapproche de plus en plus de cette conception idéale, poursuivie depuis tant d’années par les efforts des savants et des philosophes, et dans laquelle toutes les spéculations et toutes les découvertes concourent vers l’unité de la loi universelle des mouvements et des forces naturelles. »

Si donc nous résumons les lois qui régissent la chimie, nous trouvons qu’elles sont les suivantes :

1° Dans des conditions identiques, une même substance a toujours des réactions chimiques identiques.

2° Les corps se combinent en proportions définies (Proust).

3° Les corps se combinent en proportions multiples (Richter).

4° Les volumes des gaz qui se combinent sont en rapport simple entre eux et avec le volume de la combinaison formée (Gay-Lussac.)

5° Le produit du poids atomique d’un corps par sa chaleur spécifique est un nombre constant, voisin de 6, 4 (Dulong et Petit).

6° Les composés chimiques analogues cristallisent sous des formes sensiblement identiques (Mitscherlich).

7° La quantité d’électricité nécessaire pour décomposer un équivalent d’une combinaison est suffisante pour décomposer un équivalent d’une autre combinaison (Faraday).

8° La quantité de chaleur dégagée dans une réaction mesure la somme des travaux accomplis dans cette réaction (Berthelot).

9° La quantité de chaleur dégagée dans une réaction dépend uniquement de l’état initial et de l’état final du système (Berthelot).

10° Toute action chimique tend vers la production du corps dont la formation dégage le plus de chaleur (Berthelot).

À côté de ces lois, il faut placer un ordre de considérations, empruntées comme elles à l’expérience, accompagnées de déductions théoriques, et dont l’ensemble constitue la théorie de l’atomicité.

En rapportant toutes les combinaisons binaires à l’hydrogène pris pour unité, on voit que le chlore ne peut se combiner qu’à un atome d’hydrogène (HCl), l’oxygène à deux atomes d’hydrogène (H2O), l’azote à trois atomes d’hydrogène (H3Az), le carbone à quatre atomes d’hydrogène (H4C ). Si l’on cherche à substituer ces différents éléments à l’hydrogène, on remarque que chacun d’eux se substitue dans une combinaison donnée à la quantité d’hydrogène avec laquelle il est capable de s’unir. Ainsi on peut remplacer dans CH4 un atome d’hydrogène par un atome de chlore (CH3Cl), chlorure de méthyle, deux