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binent et se fondent ordinairement les uns avec les autres. C’est ce qu’on peut voir en se reportant à ce qu’on appelle arrangement symétrique.

Une division symétrique des parties a pour objet de présenter un certain nombre de traits continus sous certains aspects de contraste et de similitude par rapport à quelque élément central. Chaque élément du dessin est équilibré par quelque autre élément qui lui est opposé en direction (j’entends à partir du centre), mais qui lui ressemble sous le rapport de la grandeur et de la distance au centre. Cette division présente ainsi, dans une vaste mesure, l’élément d’unité, et constitue vraiment la plus régulière de toutes les formes.

La figure la plus parfaitement symétrique est celle qui l’est pour chaque couple de côtés ou de directions opposées, comme le rectangle, le polygone régulier d’un nombre pair de côtés, le cercle, etc. Mais de pareils arrangements sont d’une régularité trop rigide pour l’art, qui, ayant besoin de liberté et de variété en abondance, se contente généralement de la symétrie dans une seule direction, à savoir la symétrie bilatérale. Pourquoi la symétrie dans une direction horizontale charme plus que la symétrie dans une direction verticale ou autre, c’est ce qu’on expliquera plus loin.

On pourra m’objecter encore que je confonds ici l’art et la science, et que je donne à l’unité, à la régularité, une importance esthétique exagérée. Cette objection, je crois, sera suffisamment prévenue par une observation que j’ai jusqu’ici différée : c’est que l’élément d’unité est souvent présent d’une manière idéale seulement, suggéré à la pensée plutôt que directement présenté. Ainsi la continuité d’une forme demande parfois, pour être appréciée, à être complétée idéalement. Un croissant, par exemple, peut bien plaire à l’œil, parce qu’il est si facilement développé par l’imagination en un cercle entier. Plus fréquemment encore, l’élément central d’un dessin demande à être suppléé par l’esprit du spectateur. La beauté d’une courbe ondulante ou spirale repose en partie sur une vague représentation de l’axe central, autour duquel ses mouvements, libres en apparence, se disposent dans un ordre si simple. Dans bien des arrangements symétriques aussi, comme dans ceux de la figure humaine, l’élément central auquel toutes les relations sont plus ou moins consciemment rapportées doit être introduit dans la figure par la pensée.

La valeur de ces éléments d’unité subjectivement restaurés se voit d’une manière frappante dans ce fait que le sentiment de l’ordre et de l’unité peut être satisfait alors même que l’arrangement régulier est purement approximatif. L’œil, comme l’oreille, supporte facile-