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dessin à quelque élément central, et la perception de cette liaison commune à un centre donne au dessin le charme artistique de l’unité. L’élément central le plus naturel est évidemment un point, et il y a bien des formes agréables à la fois dans la nature et dans l’art qui doivent une partie de leur valeur esthétique à la présence d’un pareil point. Les formes circulaires, étoilées ou rayonnantes, le rouleau ou la spirale, ont évidemment ce facteur central dominant. Dans bien des cas, toutefois, l’élément central est une ligne ou même quelque figure simple. Ainsi, tous les arrangements autour d’un axe, en forme d’arbres, de fleurs, de tiges et d’autres modèles semblables, sont agréables. De même, dans l’art décoratif, on indique souvent un trait caractéristique central, sous la forme de quelque petit cercle ou d’une figure rectiligne.

3° Le troisième aspect de l’unité, la ressemblance des parties, comprend la similitude de direction, l’égalité de grandeur, la proportion, etc. Toutes les formes agréables présentent des similitudes de direction, simples et composées, et la beauté caractéristique de bien des formes, à la fois dans la nature et dans l’art, doit être attribuée en partie à la prédominance de quelque élément unique de direction. Ainsi les charmes divers des formes du cèdre et du bouleau, parmi les arbres ; du roman et du gothique parmi les styles architecturaux, sont dus en partie à la prédominance de quelque trait caractéristique, la ligne horizontale ou la ligne qui s’abaisse, l’arc arrondi ou pointu.

Le sens de l’inégalité entre pour bien plus dans la géométrie que dans l’art visuel : cependant il n’est pas exclu de ce dernier ; il apparaît seulement d’une manière plus déguisée. Toutes les égalités de grandeur entre lignes, surfaces, etc., sont, pour parler avec Fechner, sur le seuil de la jouissance, et l’étude de l’art dans toutes ses branches montre que cette jouissance est une quantité appréciable. Parmi les égalités auxquelles est particulièrement sensible l’œil qui a reçu une culture esthétique, il faut placer celle du changement de direction, soit angulaire, soit curviligne. Dans toutes les figures rectilignes régulières, l’égalité des angles s’apprécie aussi bien que celle des grandeurs linéaires. La beauté tempérée des courbes uniformes et des lignes ondoyantes s’explique en partie par un sentiment de goût pour ce facteur de changement régulier et égal.

Que la proportion entre pour quelque chose dans la beauté de la forme, c’est ce qui est admis par tout le monde. Un œil exercé techniquement peut reconnaître des relations numériques simples entre les dimensions des lignes, etc., et peut-être en jouir ; mais ce facteur