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le cerveau, de peur qu’ils ne s’égarent, etc. ; 2° la communication du grand sympathique avec le reste du système : on voulait y voir un système indépendant, ayant sa centralisation distincte ; autrement, il eût gêné la transmission directe. — C. La disposition en anse ou en réseau des fibres terminales. — Quelques efforts qu’on ait faits pour les nier ou les dénaturer, ces faits anatomiques sont certains. Le système nerveux n’est pas un ensemble de fibres ou de tubes séparés marchant tous isolément vers le centre ou en dérivant ; c’est un immense réseau à mailles irrégulières, où les filets sont coupés par une multitude d’intersections et de carrefours qui ouvrent à la décharge nerveuse des passages dans des directions multiples. Hermann a donc pu dire avec raison que les conditions du système nerveux révélées par l’anatomie rendent incompréhensible la conduction des impressions sensitives comme des impulsions volontaires isolées et distinctes.

La transmission directe a pour conséquence la division des nerfs en sensitifs et moteurs, puisque deux courants inverses ne peuvent cheminer ensemble dans le même canal. Aussi cette division a-t-elle été proposée par les anatomistes de l’antiquité, avant même qu’on sût faire la différence entre les nerfs et les tendons, c’est-à-dire avant qu’on pût songer à justifier cette division par des observations anatomiques. C’était une vue de l’esprit, une déduction logique. Et pourtant cette vue de l’esprit a dominé toute la physiologie moderne. Le second article de M. Panizza est consacré au récit des efforts faits par nos plus grands physiologistes pour la confirmer et pour tourner à son avantage les faits contraires.

Les fameuses expériences de Bell ouvrirent la voie. Il ouvrit le conduit vertébral d’un lapin mort, mit à nu les racines spinales et trouva, dit-il, qu’ « il pouvait couper les racines postérieures sans provoquer aucun mouvement, tandis que les muscles entraient en convulsion dès qu’il avait touché les racines antérieures. » Or, des expériences nombreuses instituées d’après cette donnée, il n’en est pas une qui réussisse toujours ; on obtient tantôt des résultats favorables, tantôt des résultats contraires. M. Panizza cherche à expliquer le caractère variable de ces résultats par les causes multiples qui peuvent influer sur des expériences aussi violemment destructives des conditions normales de la vie, et assure que ces mêmes expériences mieux conduites autorisent des conclusions opposées. Il est vrai que G. Bernard, qui en 1839 avait été forcé d’attribuer la sensibilité aux fibres antérieures, institua une série d’expériences destinées à confirmer les conclusions de Bell et trouva dans l’emploi du curare et de la strychnine, comme Dubois-Reymond dans l’emploi de l’électricité, les éléments de théories nouvelles (électronus, sensibilité récurrente) en harmonie avec la tradition classique. Mais Vulpian assure que le curare et la strychnine ne fournissent aucune donnée positive qui suffise à établir une réelle différence entre les propriétés des fibres nerveuses motrices et des fibres nerveuses sensitives, et Lewes montre bien que la différence des