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Ch. richet. — de l’influence des mouvements.

être aidé dans sa fonction par les appareils musculaires qui lui sont indirectement ou directement annexés, cet appareil sensible récepteur serait tellement insuffisant que son rôle serait presque absolument nul.

Pour les autres sens, il faut aussi des mouvements semblables. Lorsqu’un bruit vient frapper l’oreille, immédiatement on tourne la tête de ce côté ; on n’entend pas, on écoute. On déplace la tête pour chercher d’où vient le bruit. En même temps, les petits muscles placés dans la caisse du tympan, et qui meuvent la membrane du tympan et les osselets de l’oreille moyenne, se contractent ou se relâchent, de manière à adapter la tension de la membrane tympanique et de la membrane de la fenêtre ronde à la tonalité ou à l’intensité du bruit qui s’est produit. D’ailleurs, sous le rapport des appareils musculaires annexés à l’organe de l’ouïe, l’homme est le moins bien doué des animaux mammifères, et il est probable que si les animaux à longues oreilles, comme le lièvre par exemple, ont l’ouïe si perçante, cela est dû en grande partie à l’existence d’un appareil musculaire qui leur permet de mieux recueillir les ondes sonores. Cependant il faut reconnaître que, pour l’ouïe, moins de mouvements sont nécessaires que pour la vision. C’est peut-être même, de tous les sens, celui qui peut s’exercer dans la plus grande immobilité. Défait, alors que la paralysie de tous les muscles est complète, au moment de l’agonie par exemple, quand tous les autres sens ont disparu, l’ouïe est encore conservée ; et les mourants peuvent, paraît-il, entendre ce qui se dit autour d’eux, alors que déjà toutes les autres excitations extérieures restent sans effet.

Pour que le sens de l’odorat puisse s’exercer, il faut nécessairement faire des mouvements respiratoires. Il est presque impossible de distinguer une odeur, si l’on ne fait quelques mouvements des narines. L’expérience de chaque jour nous l’apprend, et on pourra vérifier facilement ce fait qu’une odeur, pour être perçue, exige un mouvement inspiratoire et aussi un mouvement des narines. Le mouvement inspiratoire est nécessaire pour que l’air chargé de particules odorantes passe par les fosses nasales ; le mouvement des narines sert à diriger ce courant d’air vers la partie olfactive de la membrane muqueuse qui tapisse les fosses nasales.

Le sens du goût ne peut s’exercer qu’avec les mouvements de la langue. Si l’on place soit sur la pointe de la langue, soit même à la base de cet organe, une substance sapide, c’est à peine si l’on éprouvera une sensation quelconque ; en tout cas, cette sensation sera très confuse, si l’on n’applique pas la langue à la voûte palatine, en la promenant sur les divers côtés de la bouche. Pour que la saveur d’une