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lacunes sensibles dans diverses conceptions d’ailleurs vraiment neuves et intéressantes, et que les deux nous font craindre qu’un ouvrage annoncé par M. Girard pour la réforme spéciale des mathématiques soit loin d’égaler, comme valeur, celui qu’il vient de publier. Il ne me reste qu’à souhaiter que le succès de ce dernier permette à l’auteur d’effacer, dans une seconde édition, les quelques taches qui le déparent.

Paul Tannery.

Th. Ribot. — La psychologie allemande contemporaine. 1 vol. in-8° de 368 p. Paris, Germer Baillière et Cie. 1879.

« Sous une forme historique, notre but est dogmatique, » dit quelque part (p. 340) M, Ribot. L’esprit de son livre est dans ces deux mots. Un livre doit être examiné dans l’esprit qui l’anime. Nous diviserons donc notre étude en deux parties : dans la première, nous discuterons l’Introduction, où le « but dogmatique » de l’ouvrage est plus particulièrement indiqué ; notre seconde partie sera consacrée au livre lui-même. Sur l’Introduction, nous aurons à faire des réserves, à donner, à demander des explications. Quant au livre, nous pouvons déclarer d’avance que c’est d’une très grande érudition, d’une critique très pénétrante et liés sûre et dont les jugements nous paraissent pour la plupart définitifs.

I. — Ceux qui entreprennent de définir une science sont presque toujours victimes d’une illusion. Ils croient déterminer l’objet de la science, et ils font connaître seulement le point de vue particulier auquel ils se placent pour l’étudier. On a dit : La psychologie est la science de l’âme ; on a dit encore : La psychologie est la science des phénomènes conscients ; on a dit aussi : La psychologie est la science des conditions physiologiques de la pensée. Ce ne sont pas là des définitions de la psychologie ; ce sont des définitions de méthodes qui ne s’excluent pas et qui peut-être se supposent les unes les autres. Nous avons à rechercher quelle position M. Ribot a prise vis-à-vis de chacune d’elles.

M. Ribot n’aime pas la métaphysique ; c’est son droit. Nous serions inexcusables de le chicaner sur ce point. M. Ribot dit ce qu’il pense ; c’est non seulement son droit, mais son devoir. Comment pourrions-nous le blâmer de faire ce que nous faisons nous-mêmes ? Mais M. Ribot est un libéral ; à ce titre, il ne se borne pas à comprendre, il respecte ce qu’il n’aime pas. Presque tous les philosophes qu’il étudie sont des métaphysiciens ; il le reconnaît lui-même avec une entière franchise.

« Herbart, dit-il, entend fonder la psychologie sur la métaphysique (p. 2)… Il ne faudrait pas croire que Waitz se propose d’exclure de la psychologie toute métaphysique (p. 44)… Beneke déduit la métaphysique de la psychologie (p. 61)… Par son caractère général et par