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Cette faculté entre en exercice dès que je l’abandonne à lui-même. Sa force de tension, comme on s’exprime dans le langage scientifique, se transforme pendant ce mouvement en force vive, et, quand il est arrivé au bas de sa course, la transformation est achevée. Maintenant commence une transformation en sens contraire ; par suite de la vitesse acquise, le pendule remonte emmagasinant de la force vive sous forme de force de tension, et, quand le mouvement s’arrête, le pendule est arrivé exactement à la même hauteur d’où il était parti. L’effort qui avait été fait pour l’écarter de son point de repos, se retrouve intact comme force de tension dans le pendule, remonté cette fois-ci en vertu de son propre mouvement. Les oscillations se reproduiront donc éternellement, la force de tension se transformant en force vive et réciproquement sans gain ni perte. Dans le mouvement elliptique des corps célestes on peut trouver à certains égards la réalisation d’une théorie analogue. Une planète, lancée dans l’espace par une force initiale, cherche à tomber sur le Soleil. Elle s’en approche peu à peu et son mouvement s’accélère par le fait même de sa chute. De sorte que, arrivée à un certain point de sa course, la vitesse acquise l’éloigné de l’astre central ; elle se met à remonter, pour nous servir d’un mot qui rend bien la chose. Mais cette ascension ou cet éloignement se fait aux dépens de sa vitesse, qui décroît. Il arrive donc un moment où cette vitesse est la même que celle qui lui avait été imprimée au départ ; et c’est ainsi que les phénomènes de rapprochement et d’éloignement, de chute et d’ascension, se renouvelleront périodiquement, invariablement et indéfiniment. D’après cela, la retransformation intégrale de l’effet en cause ne serait pas seulement une pure conception ; la nature nous en offrirait des exemples.

Mais en supposant même, pour un instant, que telles soient bien les conditions des révolutions des planètes et que notre courte vue ne nous ait pas caché des altérations dans leurs orbites et la longueur de leurs années, serait-on en droit d’en inférer que la Terre pourrait repasser par une des phases antérieures de son existence, toutes choses dans l’univers opérant un retour équivalent, et cela sans autre intervention que celle des forces naturelles qui sont aujourd’hui chez elles en activité, en d’autres termes, sans aucun appel à des forces du dehors. Une pareille conséquence logique du principe que la cause se retrouve tout entière dans ses effets est en contradiction avec un autre principe logique : Il n’y a pas d’effet sans cause. Imaginons, pour un instant, qu’après une série de révolutions la société antique vienne à revivre, que l’humanité, dépouillée peu à peu des découvertes qu’elle a accumulées depuis Aristote et Archimède, retourne à ce qu’elle était vers