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périodiques. Philosophische Monatshefte.

L’auteur, tout en rendant justice aux grandes qualités du dernier livre de Hartmann, la Phénoménologie de la conscience morale, s’attache à démontrer qu’il ne peut être logiquement question de l’ordre moral du monde dans une philosophie qui nie la liberté humaine et la personnalité divine.

E. V. Hartmann : Phénoménologie de la conscience morale (critique par Lasson).

Dans le détail, le livre se recommande par de rares qualités ; mais il manque d’unité. Le titre en est mal choisi. L’auteur sans doute paraît d’abord vouloir le justifier et, en écartant les faux systèmes, se borner à écrire les simples prolégomènes de la morale. Mais il ne tarde pas à nous présenter ces faux systèmes comme les degrés inférieurs, mais nécessaires de l’évolution de la conscience morale. Il ne définit pas ce qu’il entend par conscience morale, par moralité. Sa division des principes moraux en subjectifs, objectifs et absolus est tout à fait arbitraire. Il ne distingue pas assez nettement l’autonomie de l’hétéronomie dans l’analyse des divers éléments de la conscience morale. Enfin, s’il affirme avec raison que la morale repose sur la métaphysique, on ne peut s’empêcher de penser que la métaphysique de l’inconscient est le plus douteux des soutiens.

Ulrici : Dieu et nature (analyse par Hoffmann) (3e  édit., Leipzig, Weigel, 1875).

Hoffmann analyse longuement l’ouvrage d’Ulrici et met bien en lumière l’effort de cet infatigable avocat de la doctrine spiritualiste pour se tenir au courant de toutes les nouveautés de la science contemporaine. Il s’associe sans réserve aux affirmations d’Ulrici sur la force vitale, sur l’âme, à ses critiques contre le darwinisme, à sa réfutation du panthéisme, aux théories enfin de sa métaphysique religieuse.

Politique d’Aristote, texte et traduction allemande avec notes par Sussemihl. 2 vol. (Leipzig, Engelmann, 1879).

Eucken fait le plus grand éloge de ce travail, que recommande d’ailleurs suffisamment le nom de l’auteur. La traduction suit le texte presque littéralement. Les notes qui sont contenues dans le second volume témoignent d’une érudition philologique et historique aussi étendue que sûre, d’une pénétration et d’une indépendance peu communes de jugement philosophique.

Kym : Le problème du mal (Mnchen, Ackermann, 1878).

Kym soutient que le mal ne peut être l’œuvre de Dieu ; que les concepts du bien et du mal moral n’ont un sens qu’autant que la volonté humaine est libre. Mais il ne nous éclaire pas, avec tout cela, sur l’origine du mal. Le choix du mal ne s’explique que par l’aveuglement ou la perversion de la volonté ; mais si la volonté ne pèche que par ignorance, elle n’est pas coupable, si elle est déjà mauvaise, nous demandons d’où vient cette perversion ! Kym pose le problème ; il écarte les fausses solutions ; il éveille la curiosité, mais ne la satisfait pas.

Dieterich : Kant et Rousseau (Tübingen, Laupp, 1878).