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et on ne saurait trop louer leur exactitude, leur impartialité. Ces nouveaux articles, auxquels il faut ajouter une grande étude de M. Ch. Levêque sur le Péripatétisme, constituent la partie intéressante de la nouvelle édition. Nous croyons qu’elle eût bien mieux valu, si M. Franck eût substitué une trentaine de noms nouveaux aux absents, et il aurait pu, même sans sortir de son école, remplacer facilement MM. Artaud, Danton, Henné, Bouchitté, etc.

Beaucoup d’articles anciens ont été réimprimés sans aucune révision, et quoique la préface nous dise qu’on « a complété les renseignements bibliographiques par tous les ouvrages mis au jour dans ce dernier quart de siècle », il serait bien facile de montrer que bien souvent la bibliographie de la 2e édition est identique à celle de la première. Puisque nous ne pouvons entrer dans les détails, signalons quelques faits : on n’a mentionné ni la grande édition de Hobbes par Molesworth, ni les éditions récentes de Hume, ni les œuvres inédites de Spinoza par Van Vloten, ni la belle publication du Berkeley de Fraser, etc., etc. À propos de Berkeley, notons qu’on s’est beaucoup occupé de ce philosophe depuis une quinzaine d’années, que toutes les écoles reconnaissent la haute valeur de ses spéculations, et cependant le Dictionnaire réédite simplement un article écrit en 1842. Même remarque à faire au sujet de Hume et de bien d’autres. — Grâce à cette absence de révision suffisante, nous trouvons encore (art. Gall) des tirades surannées contre la phrénologie dont personne ne s’occupe ; une phrase datée de 1844 sur Destutt de Tracy « qui a emporté avec lui le sensualisme dans sa tombe ; » un article sur Schelling, où sa deuxième philosophie est exposée en cinq lignes.

Le Dictionnaire comprend, comme on le sait, deux sortes d’articles : les uns consacrés aux doctrines, les autres à la biographie et à l’histoire.

En ce qui concerne les articles dogmatiques, nous n’avons aucune intention de discuter la doctrine de l’ouvrage. Acceptons-la pour nous en tenir à des critiques d’une autre nature. Elles se résument en un mot : le travail nous paraît loin d’avoir été mis au courant. Pour se borner à quelques exemples, il est difficile d’admettre que l’article Âme, écrit en 1842, réponde aux idées actuelles ; les travaux sur le système nerveux, l’inconscient et même les spéculations des idéalistes ont donné un tout autre tour à la question. L’article Association (1843) est une leçon de lycée où l’on ne trouve pas la moindre trace des doctrines récentes. Il faut pourtant avouer qu’une doctrine qui, à tort ou à raison, fait de l’association la loi primordiale de la psychologie, aurait dû être mentionnée[1]. L’article Psychologie a été réimprimé sans changement à 28 ans de distance ; pour quiconque a suivi le nouveau mouvement de la philosophie dans cette voie, toute critique est inutile. La bibliographie qui cite des vivants, ne nomme ni Mill, ni Bain, ni Spencer, ni Taine,

  1. Il en est question à l’article Mill ; mais une doctrine générale ne peut pas être exposée sous le nom d’un seul homme.